Les maladies chroniques constituent un réel problème de santé publique au Maroc. Le «Printemps du patient» qui s'est tenu récemment à Casablanca a mis en exergue la problématique de la prise en charge de ces maladies. Plus de trois millions de Marocains souffrent de maladies chroniques. Ces maladies nécessitent des traitements relativement onéreux. C'est pourquoi, l'association SOS Hépatites a initié, en collaboration avec les associations Reins et l'Association marocaine de lutte contre la polyarthrite rhumatoïde (AMP) le premier festival social pour les patients atteints de maladies graves et chroniques. Baptisé le «Printemps du patient», cette manifestation qui s'est tenue le 17 avril 2008 à Casablanca attire l'attention de la population, des professionnels de la santé et des décideurs sur la problématique de la prise en charge de ces maladies. Si des avancées ont été réalisées du côté de l'assurance maladie obligatoire (AMO) qui a élargi l'éventail des affections de longue durée couvertes de 31 à 41 maladies, le taux de remboursement des médicaments réservés à ces pathologies demeure un réel problème. Alors que le taux de remboursement est de 100% pour la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), il n'est que 70% pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le malade est alors dans l'obligation de débourser 30% du prix du traitement de sa poche. Ces ONG revendiquent une prise en charge totale des maladies chroniques et une mobilisation de la CNSS dans ce sens. «La CNSS a promis, en mars 2007, de s'aligner sur les meilleures pratiques des caisses de remboursement en matière de maladies coûteuses et de longue durée. Un an plus tard, la promesse de son directeur, Saïd Ahmidouch, est restée lettre morte. Les voix s'élèvent presque quotidiennement pour dénoncer cette injustice révoltante. Pourtant, aucune mesure n'est prise pour lever cette injustice humaine. Jusqu'à quand nos concitoyens malades continueront à prendre à leur charge les 30% restants ?», souligne le communiqué. Notons que pour un insuffisant rénal, le prix d'une séance d'hémodialyse est de l'ordre de 850 DH à raison de 3 séances par semaine soit 2550 DH. Au total, le patient doit débourser 12.000 DH mensuellement sans compter les coûts élevés des médicaments que le malade est amené à prendre à vie. Sans une prise en charge totale, peu de Marocains atteints de ces maladies peuvent faire face au traitement. Selon ces différentes associations, un engagement ferme de l'Etat, dans des délais fixes, s'avère nécessaire en vue de mettre fin aux souffrances des malades. Autre problématique liée aux maladies chroniques, elle réside dans la taxation des médicaments. La cherté des médicaments revient dans une large mesure à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui est appliquée sans « pitié » aux médicaments indispensables pour la survie du malade. Dans plusieurs pays, les médicaments nécessaires à ces pathologies sont exonérés de la TVA. Ces ONG lancent un appel au gouvernement pour suivre cet exemple et abolir la taxation des médicaments. Par ailleurs, il a été recommandé lors de cette manifestation de mettre en place un partenariat stratégique entre le secteur public, le secteur privé et le tissu associatif pour contrecarrer la problématique des maladies chroniques. Ainsi, la complémentarité de ces trois pôles devrait créer des synergies capables de remédier à l'ensemble des dysfonctionnements présents dans notre système de santé. Ce collectif d'association a également indiqué qu'avec un système de santé dont les ressources budgétaires ne dépassent jamais la barre des 5% du budget de l'Etat, une prise de conscience des répercussions négatives de ces maladies sur l'économie et sur la société doit se concrétiser par la mise au point d'une stratégie préventive.