La sécurité et la qualité du bâtiment passent par la professionnalisation du secteur, l'implication des pouvoirs publics ainsi que la société civile. Après la série d'effondrement des immeubles qu'a connu le Maroc, le secteur est appelé à se professionnaliser. C'est ce qu'ont affirmé les professionels du bâtiment lors d'une rencontre organisée, samedi dernier, par la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) de Tanger-Tétouan et l'Association marocaine de l'industrie du béton (AMIB). L'objet de cet événement est de sensibiliser sur «la gravité de la situation surtout que tous les acteurs du secteur du bâtiment ont été montrés du doigt suite à ces derniers événements tragiques ayant frappé la ville de Kénitra. Il faudrait que nous ayons un esprit autocritique et chercher les moyens pour la professionnalisation du secteur. Surtout que celui- ci témoigne d'un grand dynamisme se traduisant par le passage rapide de 40 000 à 150 000 unités de logement par an», a indiqué le président de la FNBTP Tanger-Tétouan. Et de souligner l'urgente nécessité «du recours à une entreprise qualifiée et classifiée pour la réalisation des travaux de construction comme c'est le cas pour le secteur public». Les participants à cette rencontre ont axé leur intervention sur le renforcement de la sécurité et la qualité dans le bâtiment. Ils ont ainsi défini le rôle notamment des architectes, du bureau de contrôle, des ingénieurs et des pouvoirs publics pour atteindre cet objectif. Il consiste entre autres dans le choix du terrain, l'étude technique des constructions, la quantité et la qualité des matériaux utilisés, la vérification des plans et l'application de la réglementation dans la réalisation des travaux de construction. Par ailleurs, le secteur de la construction au Maroc est régi par un ensemble de textes réglementaires couvrant différents domaines. «Malgré l'existence d'un cadre réglementaire de l'acte de bâtir, la réalité montre que des problèmes persistent encore dans les projets de construction qui se traduisent parfois par des malfaçons et désordres causant parfois des effondrements», a expliqué le représentant du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace, Ali Guedira. Ces effondrements, selon M. Guedira, sont le résultat de la faiblesse des mécanismes de contrôle, le non recours aux professionnels, l'absence de bureaux de contrôle, le non respect des normes et les règlements en vigueur et le problème de mise en œuvre à cause de l'étendue du secteur informel. Et pour la promotion de la sécurité et de la qualité dans la construction, la direction technique de l'habitat a ainsi engagé en coordination avec les professionnels du secteur des chantiers importants concernant notamment les chantiers de la normalisation, du génie parasismique et la sécurisation de l'acte de bâtir ainsi que les projets de la libéralisation du logement, de l'industrialisation, du Centre national des études et de recherches sur l'habitat et l'urbanisme et le développement durable et la promotion des énergies renouvelables . «La sécurité et la qualité dans le bâtiment est une affaire de tous en l'occurrence les pouvoirs publics, les secteurs privés et la société civile», a-t-il conclu. Le représentant de l'Ordre national des architectes du Maroc, Mohamed Aziz Ouahbi, a souligné l'importance du rôle de l'association des architectes pour le développement du secteur suite aux sinistres et effondrements qu'a connus le Maroc. Il a évoqué par la suite les causes de l'effondrement survenu dernièrement à Kénitra en se basant sur un rapport effectué par l'Ordre pour identifier «les éléments suspects à l'origine de cet événement tragique», faisant remarquer que plusieurs infractions ont été constatées dont l'absence d'une étude du terrain et la mauvaise qualité du béton, du ferraillage, des nœuds et des poteaux. Et la cause de l'effondrement est due au «tremblement des poteaux au niveau de-rez-de chaussée», a-t-il précisé.