De plus en plus de jeunes s'inscrivent, aujourd'hui, dans l'esprit associatif. Dotée d'atouts nombreux et incontestables, sa capacité d'encadrement, son engagement et sa conscience du respect dû aux citoyens, cette nouvelle génération «associative» croit dur comme fer en l'obligation de prendre son destin en main. Le mouvement associatif commence à voir émerger sa nouvelle génération d'acteurs : ils sont jeunes – moyenne d'âge 25 ans – ont « fait leurs armes » sur le terrain, possède un solide bagage d'expérience dans leurs quartiers et ont très souvent réussi à suivre une formation – notamment dans le cadre de l'INDH qui aujourd'hui offre cette possibilité. Ils ont une grande capacité en matière d'encadrement de la population – notamment la jeunesse – et possèdent un atout irremplaçable : une connaissance réelle de ce dont ils parlent puisqu'ils sont nés et vivent là où ils œuvrent. Ces jeunes acteurs du mouvement associatif émergent dans un paysage, qui ressemble par bien des aspects à notre paysage politique : il est en effet difficile pour eux de se faire leur place au soleil tant que le monde de la «société civile» continuera à vivre en vase clos… Autres obstacles, leur manque de «carnets d'adresses» ou le peu de considération que leur accorde une partie de l'administration. Pourtant leur éclosion est inéluctable, et aujourd'hui c'est de patience qu'ils doivent s'armer, se former encore plus et surtout ne pas abandonner ce terrain dont ils sont issus et qui est leur terreau d'actions. Ils arrivent donc encore un esprit neuf, une autre approche des difficultés, une conscience aiguë du respect dû aux citoyens, et un sens de l'engagement, du bénévolat, voire de l'abnégation, très poussé. Ils représentent le renouveau du tissu associatif ! J'en ai eu un exemple concret la semaine dernière en assistant au lancement d'une nouvelle association baptisée «Grands-Frères». Issus de différents quartiers de Casablanca, ces grands-frères et grandes-sœurs tirent leur expérience de Sbata, Hay Mohammadi, Aïn Chock, Moulay Rachid, Lissasfa, Sidi Moumen… ils ont pu bénéficier de la formation dispensée par la Faculté Hassan II et la wilaya en matière de développement social et ont suivi la formation de «jeunes médiateurs des quartiers» que leur a fournie l'organisation «Search for Common Ground». En créant cette structure des Grands-Frères, ils se placent dans la tradition marocaine de «l'Oncle », du «Grand-Frère», voire du voisin qui jouissait d'une « aura », d'une écoute, ou d'une autorité sur les plus jeunes et se situent en même temps dans la ligne du mouvement des Grands-Frères, initié en France dans les années 90, au cœur des banlieues. Ces jeunes se proposent d'intervenir dans les quartiers, les établissements scolaires, les centres de rééducation de la jeunesse, les associations… pour propager la culture de la non-violence, régler les micro-conflits, orienter les jeunes sur les services dont ils ont besoin : lutte contre la drogue, info-sida, abandon scolaire… ou encore initier au civisme, au fair-play, au respect du bien collectif lors des matches, des festivals, des différentes manifestations culturelles ou sportives… En phase avec la nouvelle génération de militants associatifs, ces Grands-Frères veulent faire appel au sens de la responsabilité, de la participation, de l'esprit d'initiative, loin de l'assistanat ou du paternalisme. «Prendre en mains son destin»! Leur crédo…