Le front Polisario instrumentalise l'opération d'échange de visites pour introduire parmi les bénéficiaires des espions et d'anciens bourreaux des familles sahraouies, affirme le président de l'Association des portés disparus au Polisario, Dahi Aguai. ALM : Dans votre lettre au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) au sujet de l'échange de visites entre familles sahraouies, vous protestez contre le détournement de cette opération de son objectif humanitaire. Quels sont vos arguments ? Dahi Aguai : Il est étrange de constater que, parmi les délégations envoyées par le Polisario, se trouvent des personnes responsables de tortures et d'assassinats des familles sahraouies. La visite de ces personnes se fait au nom des droits de l'Homme qu'ils ont toujours foulés aux pieds. Ils ont fait des orphelins, endeuillé des femmes et privés ces dernières de leurs enfants. De quel droit, et du haut de quelle irresponsabilité, ces criminels se permettent aujourd'hui de venir dans le cadre de missions humanitaires ? Puisque ces personnes sont coupables de crimes contre l'humanité, elles n'ont pas le droit de bénéficier des droits humanitaires qu'ils ont toujours méprisés. Plus encore, le front Polisario exploite une section des Nations unies, le Haut Commissariat aux réfugiés, pour envoyer des bourreaux qui sont cités à comparaître devant l'Audience nationale (la plus Haute Cour en Espagne). Le front de la honte fait injure aux nobles missions humanitaires, en faisant bénéficier d'anciens bourreaux de l'opération d'échange de visites sous la couverture des Nations unies. C'est pour ces raisons que nous avons saisi le HCR. Q'attendez-vous concrètement du Haut Commissariat aux réfugiés ? Nous attendons une réponse favorable de la part de cet organisme, l'objectif étant d'assainir les délégations des bénéficiaires d'éléments intrus et suspects. Je suis optimiste quant à la réaction du HCR, d'autant plus que cet organisme onusien qui excipe de la neutralité n'a jamais été au front Polisario, même si, dans les bagnes de ce front, un fonctionnaire des Nations unies avait fait l'amère expérience de la prison. Dans un communiqué de votre association, vous soupçonnez également l'existence d'espions du Polisario parmi les bénéficiaires de l'opération. Sur quelle base vous appuyez-vous pour conclure à ce constat ? Le front Polisario se compose du tissu tribal sahraoui et perçoit de l'aide au nom de ce tissu. Le rôle de ces espions consiste à requinquer l'image du Polisario en le présentant sous un tissu blanc, comme si ce front était un ange. L'objectif derrière cette présence est également de contrôler le mouvement des bénéficiaires provenant de Tindouf, en les empêchant de livrer des témoignages sur les horreurs commises dans les camps de Lahmada et en faisant en sorte que les visiteurs ne décident pas de rester dans leur mère-patrie, le Maroc.