Des dizaines de journalistes s'étaient précipités vers la mairie pour immortaliser la sortie du couple Sarkozy-Bruni qu'on disait en train de sceller leur liaison. Ce n'était qu'une rumeur. Le journal «L'Est Républicain» aura joué un grand rôle dans la vie privée de Nicolas Sarkozy. Il a été le premier journal à annoncer le divorce du président avec sa femme Cécilia. Le premier à recueillir les toutes premières confidences de l'ex-première Dame de France après de longs mois tapie dans un silence assourdissant sur la réalité de sa vie conjugale et la vérité sur sa mission auprès du Colonel Mouammar Kadhafi pour libérer les infirmières bulgares et le médecin palestinien. Et le revoilà, «L'Est Républicain» qui annonce avec la certitude des tuyaux bétonnés que Nicolas Sarkozy se serait marié avec la chanteuse, ex-mannequin, Carla Bruni, à l'Elysée, jeudi dernier. Le journal tire son scoop des informations fournies par «une source proche d'un témoin ayant assisté à leur union». Le journaliste qui avait signé cette exclusivité, Laid Sammari, n'en démord pas sur la fiabilité de ses sources : «à partir du moment où l'on décide de publier, c'est que nous avons de bonnes raisons de le faire. Mais c'est au conditionnel car je n'étais pas personnellement à la cérémonie». Malgré le côté irréel de cet événement, la presse et les agences ont tout de suite accordé une certaine crédibilité à cette information relatant ce discret mariage et ce pour deux raisons essentielles. La première est que Nicolas Sarkozy, interrogé sur la date de son union avec Carla, avait, lui même, assuré lors de sa dernière conférence de presse, qu'il y avait de fortes chances que les journalistes l'apprenaient «une fois que c'est déjà fait». Pour lancer une telle affirmation, le président français avait des intonations de défi enjoué dans la voix d'un petit garçon malin qui préparait la surprise de l'année. La seconde est que la date de jeudi avancée par L'Est Républicain fut le théâtre d'une étrange manège autour de la mairie du 16ème arrondissement de Paris. Victimes d'une rumeur ou d'un leurre, des dizaines de journalistes et de photographes s'étaient précipités vers la mairie pour guetter et immortaliser la sortie du couple Sarkozy-Bruni qu'on disait en train de sceller leur destin conjugal devant Monsieur le Maire. Ce fut une longue attente suivie d'une déception. Un énorme canular disséminé dans les rédactions les plus fébriles. Parmi les réactions les plus révélatrices, les observateurs ont noté d'abord celles de Franck Louvrier, le patron du service de presse de l'Elysée ainsi que le porte-parole David Martinon. Les deux n'ont pas démenti et ont tout juste refusé de commenter l'information. Le «cela ne vous regarde pas» lancé aux journalistes par Nicolas Sarkozy qui ne portait pas d'alliance lors de sa tournée dans les pays du Golfe n'aide pas à éclaircir d'avantage la situation. Son conseiller et sa plume, Henri Guaino préfère prendre de la hauteur dans son appréciation de cette rumeur : «Je crains que cette curiosité malsaine et obsessionnelle des médias soit exactement le contraire, pour moi, du progrès et de la civilisation» Avant de préciser de manière très terre à terre : «Quand il jugera bon de dire aux Français 'voilà, j'ai épousé telle ou telle personne dont je suis amoureux', eh bien il le dira, c'est un problème personnel. Vous regarderez ses mains». Mais la réaction la plus significative est venue de la mère de Carla Bruni, Marisa Bruni-Tedeschi : «Je ne sais rien, je viens juste de voir Carla et elle ne m'a parlé de rien. C'est possible, tout est possible. Peut-être se sont-ils mariés sans inviter quiconque. Mais il me semble que si c'était le cas, l'Elysée l'aurait annoncé». Un mariage de Carla sans la présence de sa mère, qui figurait sur les photos de la virée de Disneyland, temps et lieu de la révélation de cette romance présidentielle, et qui avait accompagné Nicolas Sarkozy lorsqu'il avait rendu visite au Pape Benoît XVI… Tout cela paraît inimaginable. Le mariage de Nicolas Sarkozy est au centre d'un grande réflexion diplomatique. Les prochains déplacements présidentiels, notamment celui de l'Inde le 24 de ce mois, semblent poser des problèmes de protocole insurmontables dans le cas d'un président convolant avec une simple maîtresse. La presse française s'était fait l'écho de l'appréciation tranchée et savante d'un journal indien, «Indian Express» sur le sujet : «La top modèle ne peut pas recevoir les mêmes égards que le président puisqu'une petite amie n'est pas considérée comme sa femme ou son épouse».