La crise que vit actuellement l'USFP affecte sa jeunesse. La Chabiba a toujours été instrumentalisée, affirme son ancien secrétaire général Hassan Tarek. Aujourd'hui, elle doit être consciente de son rôle et est appelée à constituer une force de proposition au sein du parti. Aujourd'hui Le Maroc : L'USFP connaît actuellement un grand débat, qu'en pensez-vous ? Hassan Tarek : Ce débat ne peut être que positif. Le parti traverse une période de crise et il le reconnaît. À ce stade, il nous faut réfléchir à des moyens pour sortir de la crise. Il faut poser des questions sur la situation actuelle du parti et en essayant de trouver des réponses, prendre en compte la diversité au sein de l'USFP. Que le débat ait lieu sur la scène publique et non plus en interne est une initiative louable. Le débat politique sur le parti n'est plus limité ni otage des considérations organisationnelles. Ce qu'il faut aujourd'hui c'est maintenir ce débat grâce à des courants politiques. Il faut passer aux courants politiques à un débat d'idées, d'analyses et de positions pour que l'USFP ne soit plus otage des apparatchiks. Dans son rapport, la commission d'évaluation des élections fait état, entre autres, d'un gel des activités de la Chabiba, qu'en est-il ? Les rédacteurs du rapport ont eu tort pour ce qui concerne la Chabiba. Contrairement au constat fait par ce texte, les problèmes de la Chabiba ne sont pas nés des conflits internes. La jeunesse ittihadie a toujours été instrumentalisée par les dirigeants du parti. Et c'est la principale cause de la situation qu'elle vit actuellement. La direction du parti a transformé cette organisation en instrument de luttes individuelles. Que cette rencontre avec le bureau politique constitue une rupture avec le passé, cela m'étonnerait. Il y a encore des membres du bureau politique qui considèrent la Chabiba comme un instrument de lutte interne. Et dans ce cas, elle ne sera jamais une force de proposition au sein du parti, mais un simple moyen pour faire pencher la balance d'une partie aux dépens d'une autre. Or, le parti ne peut aujourd'hui entamer une nouvelle phase s'il n'a pas une vraie vision du rôle de la jeunesse et du secteur des femmes. Pour entamer cette nouvelle phase, il faudrait délivrer ces deux organisations de la tutelle de la direction et leur donner leur autonomie. Est-il question aujourd'hui de revoir le rôle de ces deux organisations ? Je ne pense pas, le débat pourra se focaliser dans les jours à venir sur le rôle de la Chabiba ou du secteur des femmes. La crise et les préparatifs du prochain conseil national s'accaparent la totalité des efforts des militants. Et ce d'autant plus qu'au sein du parti, il n'y a pas encore une vision claire des rôles de ces deux organisations. Nous ne somme pas encore à ce stade. Le Bureau politique ne peut pas prendre aujourd'hui des initiatives les concernant. Comment relancer la Chabiba et lui permettre de jouer le rôle de force de proposition ? Il faut d'abord commencer par instaurer des rapports objectifs entre la jeunesse et la direction. De même, la Chabiba doit être consciente du rôle qu'elle est appelée à jouer dorénavant et surtout qu'elle est une composante vitale de l'USFP. Son rôle est de ne pas s'allier sur un courant ou une partie de la direction. La jeunesse est avant tout au service du parti et non de quiconque dans le parti. Et si l'on arrive à instaurer ces rapports objectifs entre la Chabiba et la direction du parti alors ce serait le début de la réconciliation entre les deux. Existe-t-il des mesures concrètes pour ce faire ? Ce n'est pas une question de recette magique. Il faut que la jeunesse prenne ses distances avec la direction, se libère de sa tutelle et commence à agir selon les termes de sa mission et ses objectifs. La jeunesse doit accéder à l'autonomie et commencer à prendre des initiatives.