Les partis de l'opposition pakistanaise tentent toujours de parvenir à une ligne commune sur le rétablissement des juges limogés par le président Pervez Musharraf. Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, tous deux anciens Premiers ministres rentrés récemment d'exil et dirigeants des deux principales formations de l'opposition, ont annoncé qu'ils soumettraient au président une «charte de revendications» visant à garantir l'équité des élections législatives du 8 janvier. S'ils n'obtiennent pas gain de cause, ils pourraient opter pour un boycottage du scrutin. «La plupart des décisions ont été prises par consensus. C'est le dernier tour de table, nous allons finaliser notre liste», a dit Ahsan Iqbal, porte-parole de la Ligue musulmane du Pakistan (PML) de Sharif. «Nous nous sommes accordés pour dépasser nos différences mineures et pour œuvrer à la tenue d'élections libres et équitables », a-t-il ajouté sans plus de précisions. Selon un autre participant à ces discussions, la formation de Sharif et le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bhutto essaieraient de rapprocher leurs points de vue sur la question du rétablissement des 37 juges révoqués par Musharraf après la proclamation de l'état d'urgence, le 3 novembre dernier. «J'ai confiance dans notre capacité à trouver à une solution à l'amiable sur cette question», a-t-il dit. Benazir Bhutto, rentrée d'exil en octobre, a indiqué que son parti ne participerait qu'avec réticence aux élections du mois prochain. Mais elle a déjà diffusé son programme électoral et a commencé véritablement à faire campagne le week-end dernier. Bhutto estime que la question des juges devra être tranchée par le futur parlement. Sharif, revenu au Pakistan le mois dernier, a appelé à un boycottage des urnes si les juges n'étaient pas réinstallés. Il a toutefois déposé sa candidature, mais elle a été rejetée en raison de ses condamnations après le coup d'Etat de 1999 qui a porté Musharraf au pouvoir. Musharraf, réélu président le 6 octobre par un collège de parlementaires, a démissionné la semaine dernière de ses fonctions de chef des armées et a été investi en civil pour un nouveau mandat présidentiel. Il a promis que l'état d'urgence serait levé le 16 décembre. Il exclut en revanche de rétablir les juges révoqués, dont Iftikhar Chaudhry, président de la Cour suprême. Les deux hommes sont engagés dans un bras de fer depuis mars. • Zeeshan Haider (Reuters)