Les préparatifs de la conférence de paix au Proche-Orient, qui aura lieu à Annapolis mardi 27 novembre, vont bon train. Les invitations sont envoyées aux quatre coins du monde, mais le document conjoint israélo-palestinien n'est pas prêt. Selon le ministre palestinien de l'Information et des Affaires étrangères, Ryiad Al Maliki, les modérés de la Palestine risquent gros s'ils ne reviennent pas d'Annapolis avec des éléments concrets. «Les Israéliens ainsi que la communauté internationale doivent se rendre compte que le camp des modérés en Palestine risque gros si nous rentrons les mains vides de la conférence de paix d'Annapolis», prévient Ryiad Al Maliki. Le ton est donc à l'inquiétude du côté palestinien, notamment suite au refus d'Israël de geler totalement l'activité coloniale en Cisjordanie, en se contentant de stopper les nouvelles colonies, tout en permettant aux anciennes de continuer à se développer. «Avant la rencontre d'Annapolis, les Israéliens n'ont qu'à signer un papier qui gèlerait le développement des constructions coloniales, ce qu'ils refusent de faire», explique énergiquement Ryiad Al Maliki, rencontré dans son bureau à Ramallah. «Notre part du marché concerne la sécurité avec la récolte des armes illégales et le démantèlement des milices que nous avons commencé à mettre en place avec succès. Personne ne pourra nous montrer du doigt et nous dire que l'échec de la conférence de paix nous incombe», insiste-t-il. «Nous avons effectué notre part du marché, les Israéliens non». Concernant la bande de Gaza et les inquiétudes émises par tout un chacun suite à la perte du pouvoir de l'Autorité palestinienne dans la bande côtière au profit du Hamas, le ministre renvoie aux difficultés internes israéliennes. «Nos inquiétudes envers les Israéliens sont les mêmes, car si un accord est trouvé, Lieberman ainsi que le parti d'extrême droite Shaas quitteront le gouvernement israélien» et provoqueront donc de nouvelles élections, ce qui remettra en question un éventuel accord, conclut le ministre. Des deux côtés, les espoirs sont amoindris par une légitimité gouvernementale mise à mal d'un côté par la montée du Hamas et la perte du pouvoir sur toute une partie du territoire, et de l'autre par une coalition gouvernementale bancale et dirigée vers l'extrême droite, opposée à la création d'un Etat palestinien, qui force Olmert a être particulièrement vigilant sur les sacrifices que sont près à faire les Israéliens en vue d'un règlement du conflit. Tous ses facteurs ont pour conséquence un investissement limité dans le processus de paix. Cette réalité est mise en avant par la publication par le quotidien israélien Haaretz, d'une ébauche d'un document joint daté du 17 novembre. Ce document est consternant de légèreté et d'imprécisions concernant les grandes questions du conflit. Les frontières de 67 sont juste évoquées, Jérusalem à peine citée, le statut des réfugiés n'y figurant tout bonnement pas. La volonté d'application de la Feuille de route semble être une évidence, Palestiniens insistant pour qu'elle soit «immédiate et parallèle», israéliens refusant cette mention. Dans cette ébauche de document joint, le gouvernement palestinien demande à ce que la date limite de la signature d'un traité de paix après la conférence d'Annapolis soit de 8 mois, Israël précisant clairement ne pas vouloir «d'accord sur la date limite». Les résolutions de l'ONU sont évoquées, mais reste à définir si les négociations seront «basées sur», comme le demandent les Palestiniens, ou simplement «guidées par» ces résolutions, selon Israël. Des détails qui paraissent insignifiant semblent devenir de véritables barrières qui empêchent tout document joint consistant d'être pour le moment, édité. Malgré la participation de la Ligue arabe, la réalité d'échec de production d'un document conjoint israélo-palestinien, ne permet pas d'espoirs démesurés quant à des résultats concrets de cette conférence de paix.