La première conférence internationale sur la recherche et le développement des textiles intelligents se tient du 15 au 17 novembre à l'ESITH, à Casablanca. Mohamed Lahlou explique le concept «textile intelligent». ALM : Comment définissez-vous les textiles intelligents ? Mohamed Lahlou : Ce sont des textiles qui répondent de façon intelligente ou interagissant avec leur environnement de travail. Et ce genre de textile est déjà utilisé dans le génie civil, le bâtiment, le médical, l'aéronautique ainsi que l'automobile. C'est ce qu'on appelle le textile technique dont la production nécessite l'utilisation de nouvelles matières. Deux approches permettent le développement de ces structures textiles intelligentes. La première consiste en la miniaturisation des composants électroniques et leur intégration au sein des textiles. La deuxième vise à développer des textiles (fibres, fils et tissus) avec des fonctions électroniques intrinsèques. Le textile intelligent est vraiment un nouveau monde. Quels sont les produits du textile intelligent pour le grand public ? Le textile intelligent c'est le textile de demain. Vous savez, il y a 40 kilogrammes de textile intelligent dans chaque voiture. Il y une multitude de domaines d'applications de ces nouveaux produits. C'est d'ailleurs l'objet de l'organisation, durant trois jours, de la première conférence internationale sur la recherche et le développement des textiles intelligents et la masse customisation (voir encadré) à l'ESITH. Actuellement, en Europe, le textile intelligent représente 40 % de la production. Lors de cette manifestation, l'on présentera des vêtements capables de délivrer des médicaments, des soutiens-gorge intelligents détectant les premiers signes d'un cancer, des textiles anti-bactériens, anti-UV et même anti-stress. Quelle est la date de la commercialisation de ce soutien-gorge intelligent et quel est son prix? Des laboratoires européens se penchent sur la réalisation de ce soutien-gorge qui peut détecter les premiers signes d'un cancer de sein ou même prévenir de l'angine de poitrine. Sa commercialisation est prévue pour fin 2008. Côté prix, ce soutien-gorge devrait connaître la même évolution que le téléphone portable. Les premières unités seront certainement chères, mais les prix baisseront par la suite. Comment le Maroc se prépare-t-il pour ce nouveau créneau ? Nous avons pris du retard par rapport à ce secteur. Il faut qu'on monte dans le train du textile intelligent et savoir profiter de la valeur ajoutée de ce domaine. Au niveau de la formation, nous lançons une formation spéciale d'ingénieurs en textile intelligent. Au Maroc, il y a des entreprises qui se sont spécialisées dans le géo-textile, d'autres confectionnent des gilets pare-balles. Il y a aussi le marché du textile sportif qui est en pleine croissance.
100 recherches au programme L'Ecole supérieure des industries du textile et de l'habillement (ESITH) s'est lancé, il y a un an, le défi d'organiser la première conférence internationale sur la recherche et le développement sur les textiles intelligents et la masse customisation. Un comité scientifique de 21 chercheurs européens, américains, asiatiques et Africains a été constitué et a sélectionné les travaux de 100 chercheurs venus des cinq continents. Au programme, 80 conférences dont 6 conférences plénières, 55 conférences en sessions parallèles, 26 sessions posters ainsi qu'un Workshop portant sur le «Textile research networking » programmé en fin de conférence et destiné à développer le réseau des chercheurs du monde entier. Cette conférence est organisée avec la collaboration de l'Ecole nationale supérieure des arts et industries textiles (ENSAIT) de Roubaix en France.