L'actrice Fatima Atiff s'est distinguée par ses rôles osés dans des films marocains traitant de sujets tabous. ALM l'a rencontrée et l'a interviewée à propos de son expérience et de l'importance de ce type de films dans le cinéma marocain. ALM : Ne trouvez-vous pas votre rôle Souad qui gagne sa vie de la prostitution dans le film «Yalahou min alam jadid » (« Quel beau monde ») de Faouzi Bensaïdi est plutôt osé pour le cinéma marocain ? Fatima Atiff : Ce personnage de prostituée que je joue dans le film n'est pas mon seul premier rôle osé au cinéma. J'ai interprété également des personnages plus audacieux aussi bien au théâtre qu'à la télévision. Je trouve que mon rôle dans le téléfilm «Asrar saghira» «Les petits secrets » de Aziz Salmi est beaucoup plus osé où je joue le personnage d'une femme qui trompe son époux avec le mari de sa belle-sœur. Et je crois que les productions télévisées sont réalisées pour un large public contrairement à films produits pour le cinéma. Je suis encore plus audacieuse au théâtre où j'ai joué sur scène le personnage d'une femme en plein acte sexuel sur le lit. J'estime qu'il faut réussir sa prestation sur les planches puisqu'on se produit devant le public. Alors qu'au cinéma, on utilise plusieurs techniques pour s'épargner de jouer certaines scènes audacieuses. Je trouve que les réalisateurs marocains ne traitent pas ces sujets dits tabous pour rien mais pour le besoin du scénario. Est-ce que vous avez réussi en tant que comédienne grâce à ce type de rôles ? Mais je n'ai pas la prétention de dire que j'ai réussi dans l'interprétation de tous mes rôles. C'est au public d'évaluer mon parcours artistique à travers l'ensemble de mes œuvres au cinéma, à la télévision et au théâtre. Et je trouve que je suis arrivée à assumer mes choix dans l'interprétation des rôles qui sont considérés très audacieux pour le cinéma marocain. Surtout que je suis une femme mariée, d'origine berbère et d'une famille très modeste. Je tends à réussir dans ce domaine grâce à ma formation et mon expérience de comédienne. Puisque je suis lauréate de l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle (ISADAC) ayant entamé sa carrière artistique au théâtre. Mais je me considère toujours à mes débuts tant je n'ai pas réalisé mon rêve de jouer un rôle composé dans une grande production cinématographique. Quelles sont, à votre avis, les réactions du public à ce type de films traitant des sujets tabous ? Les artistes essaient toujours de plaire au public à travers leurs rôles. Nous sommes récompensés au quotidien par des gens que nous rencontrons dans la rue, en faisant nos courses… et qui nous encouragent par leurs gestes de sympathie. Mais malheureusement, d'aucuns admettent de voir des actrices égyptiennes, mexicaines ou américaines interpréter des rôles très osés au cinéma. Ce qu'ils ne peuvent tolérer pour les comédiennes marocaines. En tant que comédienne, j'ai le sentiment que je suis encore en âge de l'adolescence et je continue à vivre sous tutelle et je dois avoir une autorisation à chaque prise de décision. Quels sont vos projets ? Pour la nouvelle saison, je n'ai pas encore reçu de propositions ni pour le cinéma ni pour la télévision. Mais je suis en train d'étudier un projet de pièce de théâtre avec une troupe meknassie. C'est une adaptation de l'œuvre de l'écrivain Mohamed Kheireddine «Houlmoune oua châaboune» (Un rêve et un peuple) qui sera mise en scène par Bousselham Daïf.