Elle est en tête d'affiche au cinéma avec «Ici et là» de Mohamed Ismaïl, l'héroïne de «Jawhara, fille des prisons» du réalisateur Saâd Chraïbi, n'est autre que l'actrice marocaine Mouna Fettou. A son actif, neuf longs-métrages, des séries et téléfilms, deux hommes dans sa vie : son mari et son fils Bensalem de 6ans qu'elle adore plus que tout.. C'est «Un amour à Casablanca» (1991) de Abdelkader Lagtaâ qui l'a révélée au public avec comme partenaire Mohamed Zouheir, un rôle qui lui a permis d'enlever le titre de meilleure actrice au 3ème Festival du cinéma national à Meknès (1991). Cette réussite fait naître une vague de jalousie au sein des actrices aînées vis -à-vis de Mouna. Celles-ci l'ont trouvée trop osée à leur goût. Et c'est là où le mérite lui est allé, ce qui n'a pas dérangé notre actrice à peine à ses débuts, avec le film «A la recherche du mari de ma femme» (1993) de Mohamed Abderrahmane Tazi. Mouna a fait un tabac et a charmé un large public avec son rôle de jeune et 3ème épouse du grand absent Bachir Skirej aux côtés de deux stars du cinéma national, Amina Rachid et Naïma Lamcherki. Cette jeune artiste, au sens de l'humour très dynamique, constitue avec Fatima Kheir,Touria Alaoui et Samia Akariou un groupe de choc qui symbolise une nouvelle génération d'actrices engagées. Mouna est une comédienne talentueuse qui a l'art de séduire le public et lui dire à chaque passage : «Je suis là, je tiens à y rester et pour longtemps», même si l'offre est plus que la demande, mais cela lui offre l'opportunité de remonter sur les planches du théâtre, son premier amour, et également de participer aux spots publicitaires Après ce bout de chemin bien garni, ce qui lui tient le plus à cœur, c'est de pouvoir jouer hors du cercle du cinéma national , pour apporter un plus à sa carrière d'actrice, notamment avec Youssef Chahine, le géant du cinéma égyptien et, pourquoi pas, un Spielberg ?, dira-t-elle . Si des Saïd Taghmaoui, Jamal Debbouze et bien avant eux Hamidou Benmessaoud et sa fille Souad dont le talent s'est affirmé sur la scène internationale, via les superproductions, Mouna peut aussi le faire et bien le faire. En tout cas, elle pense sérieusement à relever ce défi. D'ailleurs, sa participation au film «J'ai vu tuer Benbarka» du réalisateur français Serge Leperon est peut- être le début d'une expérience riche. Elle y incarne le rôle de Ghita, l'épouse du militant gauchiste Mehdi Benbarka, enlevé et tué pour ses positions politiques, et même avec seulement deux scènes, l'une à Paris où il a été tué, et l'autre au Caire, ou il s'était exilé avec sa famille (la scène a été tournée à Casablanca) Mouna est heureuse de marquer ce point. Elle tourne actuellement dans «Deux femmes en route», un long-métrage de Farida Bourkia. Reste à dire que son mari Saâd Chraïbi a fait d'elle son héroïne préférée dans tous ses films ,sauf le dernier téléfilm «Demande d'emploi», encore inédit. Il lui taille des rôles qui lui vont si bien. Et la télévision? Elle ne la branche que rarement. De ce fait, Mouna reste exigeante quant au choix de ses rôles, sauf s'ils lui garantissent un plus, comme la série «Jnane al karma» de la même réalisatrice diffusé au mois de ramadan en 2003 à une heure de grande audience. Mais cela n'empêche pas que l'actrice souffre comme un grand nombre de ses collègues des périodes de vaches maigres à cause de multiples problèmes qui entravent la marche de notre 7ème art. Mouna ne cherche pas à fuir ce métier qu'elle aime tant, car c'est un choix qu'elle a fait en connaissance de cause et doit l'assumer comme tous ceux et celles atteints de ce virus. • Amina Barakat Rabat