Entretien avec Lamrani Samia, présidente de l'Association INSAT pour les femmes victimes de violence et les mères célibataires. ALM : Quelle mission s'assigne votre association ? Samia Lamrani : Cette association a été créée le 13 février 2005. Le bureau exécutif comprend 13 membres dont 10 femmes et 3 hommes. Notre objectif primordial est d'aider les femmes victimes de violence et les mères célibataires, les soutenir juridiquement et psychologiquement pour résoudre leurs différents problèmes. Un grand nombre de femmes vit dans l'enfer de la violence conjugale et les mères célibataires sont souvent chassées par leurs parents. Elles sont parfois mineures et deviennent, pour leur majorité, des bonnes. En 2005, par exemple, on a recensé environ 144 cas de mères célibataires. Qu'avez-vous pu réaliser jusqu'à ce jour ? Depuis que notre Association a vu le jour, nous avons organisé des réunions, des conférences et des rencontres encadrées par diverses personnalités appartenant au domaine de la culture et de la justice. Le premier cas que nous avons reçu était une femme battue sauvagement par son mari. Nous avons réussi à résoudre des conflits entre des femmes et leurs maris et sauvé des enfants délaissés par leurs mères à cause de la pauvreté et de la violence. Nous avons surtout contribué à la scolarisation d'enfants abandonnés, suite à des conflits conjugaux. Par ailleurs, nous avons tenu une rencontre pour sensibiliser les responsables des administrations comme les directeurs d'écoles. D'autres manifestations ont été organisées et encadrées par des militantes venues de Fès par exemple, des inspecteurs et inspectrices, des avocats. Nous avons pu assurer le suivi pour plusieurs centaines de femmes victimes de violence et une trentaine de mères célibataires. Les statistiques que nous avons pu établir à l'INSAT du 29 mai 2005 au 22 septembre 2007 montrent que les cas de sévices corporels sont majoritaires avec 170 cas. Le nombre des mères célibataires a atteint 39 cas. Nous avons pu procéder à l'inscription de 38 enfants à l'état civil et obtenir le divorce pour 27 cas. Au total, nous avons traité 345 cas. Quels sont, à présent, vos projets d'avenir ? Au sujet des activités programmées au titre de 2007-2008, nous comptons continuer notre travail avec les femmes victimes de violence, les mères célibataires qui seront accueillies par l'Association INSAT. Nous avons aussi sur notre agenda l'organisation d'ateliers de formation, des conférences sur différents sujets, dont le divorce et ses conséquences, des rencontres avec la presse régionale et nationale au siège de INSAT pour les informer de l'état d'avancement de notre travail. Nous avons prévu d'organiser, par ailleurs, des tables rondes autour du thème « La violence basée sur le genre », en collaboration avec AMDF de Casa et Intilaka de Afourer et des campagnes de sensibilisation au sein des établissements scolaires.