L'aide proposée par le Rais libyen au président français a sans aucun doute trait à la capacité qu'a Mouammar Kadhafi d'influencer son voisin tchadien Idriss Déby pour trouver une issue à la crise suscitée par «l'Arche de Zoé». Signe des temps qui ne trompe pas sur la gravité de la situation, le colonel Mouammar Kadhafi propose son aide à Nicolas Sarkozy pour le sortir du bourbier tchadien dans lequel l'aventure de l'association, officiellement humanitaire, «L'Arche de Zoé» l'a plongé. Sur fond d'accusation de trafic d'enfants, «enlèvement de mineurs et d'escroquerie», de suspicion d'alimenter clandestinement le marché de l'adoption, de la pédophilie et du trafic d'organes en Europe, les neuf Français et les sept Espagnols détenus au Tchad risquent de croupir dans les prisons tchadiennes pour une longue durée. L'aide proposée par le Raïs libyen au président français a sans aucun doute trait à la capacité qu'a Mouammar Kadhafi d'influencer son voisin tchadien Idriss Déby pour trouver une issue à cette crise. La Jamahiriya libyenne s'est fait remarquer ces derniers temps par un activisme diplomatique intense en parrainant des pourparlers de paix sur deux foyers de tension majeure dans la région, entre le gouvernement et la rébellion tchadienne et des pourparlers de paix sur le Darfour organisés à Syrte. La France, qui doit prochainement se déployer militairement dans la région suit d'un regard attentif tous ces développements. L'affaire avait été évoquée lors de l'entretien téléphonique entre les deux hommes au cours duquel Nicolas Sarkozy avait officiellement invité son homologue libyen à effectuer une visite en France. Les médias libyens, qui ont, les premiers, fait part de ce contact téléphonique, n'ont fait que confirmer une information donnée plutôt par le «Journal du Dimanche». La télévision libyenne affirme qu'au cours de cet entretien, Nicolas Sarkozy avait exprimé «le désir» de rencontrer Kadhafi à Paris pour «un échange de vues dans le cadre de leurs concertations continues sur des questions d'intérêts communs». Si la date de cette visite n'a pas encore été officiellement fixée, elle pourrait avoir lieu, selon de nombreuses sources, début décembre, avant ou après le sommet Afrique-UE qui doit se tenir à Lisbonne les 8 et 9 décembre. En temps normal, cette visite du leader libyen aurait l'allure d'une réciprocité diplomatique classique que deux pays, aux intérêts communs et aux relations amicales, entretiennent régulièrement. Sauf que la France et la Libye sont loin d'avoir les liens qu'on peut qualifier de «traditionnels». Le président Nicolas Sarkozy s'était rendu en Libye en juillet dernier. Visite qui avait été présentée à l'époque comme une prime à la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien. Affaire dans laquelle la France avait réussi à accélérer le sprint final de la négociation et de la délivrance. Il ne s'agissait que de la seconde visite d'un président français depuis l'indépendance de la Libye en 1952, la première était celle qu'avait effectuée Jacques Chirac en novembre 2004. Politiquement, Paris considère Tripoli comme un partenaire stratégique, surtout depuis la levée de l'embargo qui avait rendu Mouammar Kadhafi fréquentable aux yeux de la communauté internationale. Deux sujets connaissent déjà une collaboration étroite entre les deux pays. D'abord la lutte contre l'immigration clandestine, le gigantesque territoire libyen étant devenu un passage extrême fréquenté par les réseaux africains et arabes de cette immigration. Ensuite, la lutte contre le terrorisme, domaine dans lequel Tripoli, jadis soupçonné d'activités terroristes, a fait preuve d'une collaboration frénétique des repentis. Mais c'est sur le plan économique que Français et Libyens risquent de provoquer des étincelles. La coopération dans le nucléaire civil promise par Sarkozy aux Libyens dans le sillage de la libération des infirmières bulgares pourrait faire l'objet de juteux contrats pour le savoir-faire français dans le domaine. Vient ensuite l'aviation, qu'il s'agisse de la signature d'un contrat de maintenance des 15 Mirage F1 toujours utilisés par l'armée de l'air libyenne, ou de la vente des avions « Rafale», le tout pourrait être accompagné de prise des participations libyennes dans des sociétés françaises. On attribue à la Libye une manne financière de 240 milliards de dollars dont 40 milliards représentant un fonds énergétique qui ne demande qu'à se déployer hors territoire libyen.