Jeudi dernier, Israël a approuvé un plan de coupure d'électricité dans la bande de Gaza, en réponse aux roquettes lancées sur le territoire israélien. Les habitants palestiniens craignent une crise humanitaire majeure. Le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, a annoncé, jeudi, la mise en place d'une action d'envergure pour lutter contre les tirs de roquettes quotidiens sur le territoire israélien. L'électricité sera coupée dans la bande de Gaza, si les tirs de roquettes continuent. L'armée israélienne, malgré de nombreuses interventions militaires meurtrières dans la bande de Gaza, n'a pas réussi à stopper, ni même à réduire le nombre de roquettes artisanales lancées sur Israël. L'Etat hébreux a précisé que cette sanction qui pouvait commencer à tout moment, concernerait des coupures de 15 minutes et s'allongerait à chaque fois qu'une roquette tomberait sur le territoire israélien. Les ONG présentes sur le terrain joignent leurs indignations aux doutes de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, concernant cette «punition collective», contraire aux lois internationales. «Jouer avec l'électricité, c'est jouer avec le feu», prévient ainsi l'ONG israélienne, Gisha, avant d'ajouter que «Gaza n'est pas un «pays étranger», Israël continuant d'opérer un total contrôle sur tous les aspects de la vie dans la bande de Gaza, et reste donc responsable du bien-être de la population». La bande de Gaza est dépendante à 60% de l'électricité israélienne. Le député israélien, Matan Vilnai, a déclaré à la radio militaire israélienne : «parce que c'est une entité qui nous est hostile, nous n'avons aucune raison de leur fournir l'électricité plus que le minimum requis pour éviter une crise». En effet, depuis le mois dernier, la bande de Gaza est officiellement considérée par Israël comme «entité hostile», entraînant la fermeture de nombreux points de passage, empêchant certains types de produits de rejoindre la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a promis au président Abbas, lors de leur rencontre vendredi, qu'Israël ne causerait pas de crise humanitaire dans la bande de Gaza. Cependant, la crise est déjà là. «La situation se dégrade et les gens attendent avec impatience de voir ce que va donner la conférence internationale», témoigne Abu Shadi, un habitant de Gaza, affilié à Fatah. «Dans la vie quotidienne, c'est une catastrophe, on manque de produits de première nécessité : les commerçants ne reçoivent plus d'huile d'olive ni de produits israéliens, ou de Pampers pour les enfants. Tout le monde fait des stocks en ce moment. Les prix des viandes, du tabac, de l'essence, des fruits et des légumes ont beaucoup augmenté. On survit grâce à l'aide humanitaire, à la Croix-Rouge et à l'UNRWA, mais les ONG ne peuvent pas remplacer une autorité», ajoute-t-il. La peur est palpable et les habitants sont convaincus que ce blocus a été décidé à leur encontre. «Les Israéliens sont capables de tout et leurs décisions ne sont pas un blocus contre le Hamas mais contre les gens et ça n'arrêtera en rien les tirs de roquettes», insiste Abu Shadi, «les dirigeants du Hamas se baladent librement dans les rues et ici, on sait que ce ne sont pas les brigades du Hamas qui envoient les roquettes sur Israël, au contraire, ils ont même interdit au Jihad Islamique d'en lancer, ce qui a causé des affrontements entre les deux groupes. Il y avait plus de roquettes lancées avant la prise du pouvoir du Hamas», conclut-il. «Ils n'ont pas encore coupé l'électricité, mais les habitants ont peur», déclare Jihad, étudiant affilié au Hamas, habitant de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. «On a déjà eu l'électricité coupée, ce ne sera pas la première fois. Israël veut faire cesser la résistance palestinienne, c'est peine perdue, ça ne s'arrêtera pas», insiste le jeune homme, avant d'admettre que «chaque jour qui passe est pire que le précédent». La bande de Gaza est au bord du gouffre et la pression d'une crise humanitaire majeure plane, à la veille de la conférence internationale pour la paix au Proche-Orient.