Si l'affaire Cecilia Sarkozy vient s'inscrire dans cette tradition de secrets d'alcôve mal gardés, elle présente des originalités qui la rendent hautement attractive. Plus que le scandale d'initiés de l'affaire EADS qui ravive la guerre fratricide entre chiraquiens et sarkozystes, plus que les tests ADN qui déchirent la droite et la gauche, plus que la grève générale qui mobilise tous les syndicats, l'affaire Cecilia Sarkozy et son divorce, maintes fois annoncé et jamais confirmé, avec le président de la République est sur toutes les lèvres. Elle monopolise manifestement les discussions des dîners en ville et des mondanités puisque un petit concours de devinette ou la chasse discrète de la dernière information ou rumeur en deviennent une rubrique obligatoire et un passage obligé. Cet intense intérêt n'est pas qu'hexagonal. La presse étrangère qu'elle soit écrite ou télévisée lui consacre un intérêt éditorial extrêmement amplifié. Jouant sans doute sur la timidité et la pudeur de la presse française qui attend une annonce officielle pour démarrer sa machine d'investigation, les principales rédactions de la presse internationale ont lancé leurs fins limiers sur le sujet. Preuve que l'intérêt pour le divorce des Sarkozy est mondial, la chaîne de télévision américaine CNN a réussi à placer un reportage sur le sujet entre la participation de Vladimir Poutine au sommet de la mer Caspienne et la tournée proche orientale de Condoleezza Rice pour préparer le sommet d'Annapolis. La presse britannique s'est emparée de l'affaire pour disséquer les mœurs traditionnellement libertines des Français et leur singulière capacité à tolérer l'infidélité. Le Daily Telegraph rappelle goulûment que Félix Faure, ancien président de la troisième République, était mort, sur son lit, au Palais de l'Elysée en 1899 pendant que sa maîtresse lui servait une intense et délicate gâterie buccale. D'autres titres se sont chargés de rappeler la riche vie amoureuse et secrète d'un François Mitterrand dont Mazarine Pingeot est la preuve vivante, ou la réputation affirmée de coureur de jupons invétéré de Jacques Chirac. Si l'affaire Cecilia Sarkozy vient s'inscrire dans cette tradition de secrets d'alcôve mal gardés, elle présente des originalités qui la rendent hautement attractive. Depuis le 14 juillet dernier, Cecilia Sarkozy ne s'est livrée à aucune activité officielle. La presse du continent, notamment suisse et belge, traque ses traces. Certains ont cru l'avoir vue dans un hôtel de luxe au bord du lac Léman. Dommage collatéral, les investigations sont lancées aussi sur l'ancien amant de Cecilia, du temps de sa brouille passagère avec Nicolas Sarkozy en 2005, le publicitaire d'origine marocaine, Richard Attias. Et l'on apprend par la même occasion que ce fils de pub et grand séducteur est en train de filer le parfait amour avec l'actrice Mathilda May. Jusqu'à aujourd'hui, la stratégie de Nicolas Sarkozy est d'observer le silence. Motus et bouche cousue. Son porte-parole David Martinon commence à manquer de vocabulaire et de nerfs pour continuer son incroyable mission de ne rien commenter et ne rien communiquer alors que la pression sur ses épaules inexpérimentées devient insupportable. De toutes les raisons qui ont été avancées ici ou là pour justifier la retenue de Nicolas Sarkozy, celle donnée par la journaliste française politico-mondaine Christine Clerc au journal américain le «Los Angeles Times » semble la plus plausible : Et si le président Sarkozy, manifestement amoureux de sa femme, était en train de mettre tout ce temps à profit pour la récupérer ? Pendant ce temps, les rumeurs vont bon train. Après «L'Est Républicain» qui annonçait, il y a quelques jours l'officialisation du divorce, «Le Nouvel Observateur» écrit sur son site que «selon nos informations, Nicolas et Cécilia Sarkozy se sont rendus ensemble devant un juge, lundi 15 octobre en fin de journée, pour matérialiser la procédure de séparation du couple». Si ces informations viennent à se confirmer, les Français auront à vivre une situation inédite : avoir un président de la République âgé de 52 ans et…célibataire. Comment, dans ces conditions, vivre sa vie de chef de l'Etat de manière classique et conventionnelle ? Nicolas Sarkozy, qui rêvait déjà en Kennedy français, aura à innover et à tester les vertus d'ouverture et de tolérance chez ses compatriotes…