Le président Bachar el-Assad est arrivé mardi à Ankara, pour la première visite d'Etat jamais effectuée en Turquie par un chef d'Etat syrien. Le président Bachar el-Assad est arrivé mardi à Ankara, pour la première visite d'Etat jamais effectuée en Turquie par un chef d'Etat syrien. L'objectif de cette visite est l'amélioration des relations avec Ankara, à l'heure où Damas est isolée sur la scène internationale par la chute de Saddam Hussein, accusée par Washington de soutenir le terrorisme et menacée de sanctions. Cette première visite d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 fait suite à des années d'animosité, suivies de mesures de rechauffement. Assad doit rencontrer son homologue turc Ahmet Necdet Sezer et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. La Turquie, seul membre musulman de l'OTAN, entretient des liens privilégiés avec Israël, et pourrait servir de médiateur entre les deux pays, toujours officiellement en guerre, à l'heure où le raïs de Damas évoque son désir de reprendre les négociations. L'Etat hébreu a d'ailleurs des messages à faire transmettre au président syrien, et son ambassadeur Pinchas Avivi devrait rencontrer Erdogan au lendemain du départ d'Assad, a expliqué la porte-parole israélienne Sharon Bar-Li Saar. A la fin des années 90, la Turquie avait menacé la Syrie de riposter militairement à son soutien aux séparatistes kurdes, forçant Damas à expulser de son territoire le chef du PKK Abdullah Ocalan, actuellement en prison en Turquie. Malgré la persistance d'une querelle sur la province turque de Hatay, qui compte une importante population arabe, et sur le partage des eaux de l'Euphrate, Ankara et Damas ont signé ces trois dernières années des accords militaires et de sécurité, et le volumes des échanges commerciaux entre eux a atteint le milliard de dollars. La guerre en Irak a également rapproché les deux pays, qui s'y opposaient, Ankara ayant refusé que son territoire soit utilisé par les forces américaines. Tant la Syrie que la Turquie ont peur que les Kurdes d'Irak déclarent leur indépendance et influent ainsi sur leurs populations kurdes respectives. Du coup, pour les analystes, la visite d'Assad marque un tournant dans la politique de la région.