Ils sont dix ministres. Certains ont été aux affaires pour la première fois durant la fin des années 1970, alors que d'autres ont accédé au gouvernement au début de ce millénaire. Ils sont tous appelés à animer l'actuel Parlement. Ils sont jeunes. Ils ont su insuffler à leur département respectif une nouvelle dynamique. Ils incarnent avec perfection le changement voulu par le nouveau règne. Et aujourd'hui, auréolés de l'incontestable légitimité des urnes, ils sont appelés à animer le nouveau Parlement, de manière différente, mais empreinte de pragmatisme et de cette volonté de changement voulue au plus haut sommet de l'Etat, mais aussi par de larges couches de la population. Karim Ghellab a su se démarquer de l'ère de son précédent, Bouamor Taghouan. Le jeune ministre a su prendre les grands dossiers, mais aussi les plus épineux à bras le corps. On lui doit, notamment, la réforme du transport. Il a marqué de son empreinte le transport maritime, mais n'a su malheureusement pas faire aboutir sa révolutionnaire réforme du code de la route. La profession n'étant pas prête à évoluer dans des conditions de transparence et de rigueur. La polémique suscitée par son projet de code de la route et les critiques qu'il a essuyées en tant que ministre ne l'ont pas empêché de décrocher, haut la main, son siège dans l'une des circonscriptions les plus difficiles de Casablanca, celle de Ben M'sick. Pour sa part, Fouad Ali El Himma n'est plus à présenter. Sa démission de son poste de ministre délégué à l'Intérieur, pour se présenter aux élections, a suscité des réactions contradictoires. Libéré de ses fonctions par SM le Roi, M. El Himma a créé la plus grande des surprises d'avant la campagne électorale. L'approche qu'il a adoptée pendant sa propre campagne contraste avec la méthode traditionnelle de propagande à laquelle s'accrochent encore bien des partis politiques. Si sa liste a raflé, et de loin la majorité des voix exprimées dans sa circonscription des Rehamna, qui soit dit en passant a enregistré l'un des taux de participation les plus importants, c'est grâce à son approche de proximité. M. El Himma crée une deuxième surprise, sa liste «Dignité et citoyenneté» a décroché les trois sièges à pourvoir dans sa circonscription. D'autres ministres sortants et ex-ministre, moins jeunes mais qui n'ont pas pu marquer leur passage dans leurs propres départements, ont réussi à décrocher leur ticket pour l'hémicycle. C'est le cas du ministre d'Etat sortant, le secrétaire général du PI, Abbas El Fassi qui est allé remporter son siège dans sa ville natale, Larache. C'est aussi le cas de cet ancien ministre des Transports sous le 1er gouvernement de Abdellatif Filali, de 1995 à 1997, Essaid Ameskane, l'enfant prodige de Ouarzazate. C'est dans sa région natale, son fief, que le député sortant (MP) est allé arracher sa réélection. M. Ameskane est l'un des trois ministres harakis à avoir retrouvé le chemin du Parlement. Ainsi, le secrétaire général du MP, deux fois ministre des Postes et Télécommunications sous les deux gouvernements de Mohamed Karim Lamrani, entre 1983 et 1992, puis actuel ministre sortant de l'Agriculture et des Pêches maritimes a gagné son ticket au Parlement dans l'un des bastions du Mouvement populaire, Boulemane. L'actuel ministre sortant du Commerce extérieur, Mustapha Mechahouri a pu également gonfler les rangs du MP en s'assurant un siège dans la circonscription de Ksiba-Tadla. Pour sa part, Bouamor Taghouan, ancien ministre de l'Equipement a réussi l'examen des urnes dans son fief, à Tiflet-Rommani sous l'étiquette du parti de Abbas El Fassi se joignant ainsi aux quatre ministres et ex-ministres istiqlaliens aux cotés de Abbas El Fassi, Karim Ghellab et Yasmina Baddou. Outre Najima Thaï Thaï qui s'est assurée son siège dans la liste nationale, Mustapha Mansouri, président du RNI et ministre sortant de l'Emploi et des Affaires sociales est le deuxième membre du parti membre du gouvernement à avoir assuré sa place dans le nouveau Parlement. Les anciens ministres usfpeistes sont représentés par deux figures du parti. Saïd Chbaatou, transfuge du MNP et ancien ministre de la Pêche maritime sous le gouvernement de Abderrahmane Youssoufi a remporté son siège à Lkabab dans la région de Meknès-Tafilalet dont il préside le Conseil. L'autre figure de proue du parti de la rose qui siègera au Parlement n'est autre que l'ancien secrétaire général du Conseil national de la jeunesse et de l'avenir (CNJA). Habib El Malki, ministre depuis 1998 de l'Agriculture d'abord, puis de l'Education nationale, ensuite, a remporté son siège dans son bastion, sa région natale, à Bejaâd.