Après les bains publics et les stations thermales, de nouvelles infrastructures espaces viennent conforter les espaces réservés aux femmes. Loin de toute connotation extrémiste, les piscines pour femmes veulent garantir la discrétion aux plus pudiques. La piscine demeure un endroit privilégié pour les vacances. Toutefois, une catégorie d'estivants a souvent fui cet endroit, ce sont les femmes. Et pas seulement celles voilées. «Plusieurs femmes n'arrivent pas à se baigner ou à se trouver avec des tenues légères en présence d'hommes», affirme Abdelhak Hassouni, directeur d'un complexe touristique en vogue. «Chaque année nous rencontrions le même problème : les femmes qui s'abstiennent de nager et refusent la mixité», dit-il. Ce responsable précise que le côté humanitaire a toujours primé sur le côté commercial et qu'il était temps pour les femmes de se voir offrir un bon moment rien que pour elles mêmes. «Alors que toute la famille jouissait des plaisirs de la baignade, la maman ou la jeune fille s'en trouvait écartée ou privée sciemment», souligne-t-il. Et d'ajouter : «En raison de la demande accrue de ces femmes, nous avons songé à la création de cette piscine spéciale pour les femmes». Piscines pour femmes ? Oui, mais pas seulement pour femmes voilées. Le jeune directeur explique que la piscine, créée il y a 3 ans, n'accueillait pas seulement les femmes voilées, mais aussi celles qui ne portent pas le voile. Bien avant, il y avait une piscine spéciale familles. Maintenant, avec la création de cet espace, les femmes, qui viennent avec leur famille, peuvent entrer en toute liberté à cette piscine. Cependant, M. Hassouni avoue la difficulté de la gestion d'une telle structure. Certains petits désagréments ne cessent de se passer tout au long de la journée. Le problème de l'hygiène reste parmi les soucis majeurs du responsable de ce complexe. La chevelure des femmes étant fragile et sujette le plus souvent au dessèchement, un autre service s'est ajouté à la liste du nouvel espace. En cours de réalisation, ce projet consiste à ouvrir un magasin de bonnets. Les femmes peuvent désormais les acheter ou les louer avant de s'adonner aux plaisirs de la natation. M. Hasounni pense aussi à doter ce complexe d'autres magasins consacrés, notamment, aux vêtements de natation pour femmes. «Car les goûts de certaines femmes sont très particuliers. Il s'agit, pour les unes, de respecter la conservation religieuse, alors que pour d'autres, c'est une anomalie apparente sur leur corps qui les oblige à se couvrir même devant leurs congénères», dit-il. Du côté des concernées, pleine satisfaction. Une jolie jeune blonde à peine bronzée, assise au bord de la piscine, lance: «On passe du bon temps ici. On est loin des regards curieux des hommes. En plus, entre filles, on s'entend bien!». Sanaa 23 ans, maître nageur, affirme à son tour que son expérience dans les piscines mixtes n'est pas la même qu'ici. «Ce qui me surprenait au début, c'est que des femmes venaient de loin, par exemple de Casablanca ou de Rabat. Parmi les clientes, une femme mourchida de Casablanca qui est devenue une habituée de la piscine», indique-t-elle. Les voiles trop stricts comme le nikab sont tout aussi les bienvenus. La jeune Sanaâ souligne : «si la piscine était conçue seulement pour les femmes voilées, elle n'aurait pas réalisé un tel succès !», Le nombre des clientes s'est accru progressivement depuis l'ouverture du nouvel espace. Sur les 1.700 visiteurs du complexe, 50 % sont des femmes. Rajaa, sa collègue, ajoute, pour sa part, que travailler avec la gente féminine s'avère une tâche assez délicate. «Parfois, on a affaire à des femmes qui se noient dans à peine 1,8m de profondeur». Autre petit ennui dans cet univers de femmes : les jeunes garçons. Ceux-ci ne sont toujours pas les bienvenus. «Une fois, on a dû faire un effort colossal pour laisser entrer un garçon de 7 ans dans la piscine. Sa mère, une étrangère, a dû nous montrer même son passeport. Elle a fini par nous dire que ce n'est pas sa faute à elle si les garçons de son pays semblaient plus grands que ceux du Maroc». Pour le directeur, la question de l'âge ne fait qu'exécuter l'unanimité des clientes.