La casbah est parmi les sites historiques et touristiques les plus importants de la ville du détroit. Pourtant, plusieurs de ses espaces délabrés nécessitent une restauration d'urgence. Située sur les hauteurs de l'ancienne médina, la casbah offre une vue imprenable sur la baie de Tanger. Elle se présente sous forme d'une vieille ville, cernée de remparts lui donnant un aspect architectural unique. Ses monuments se dressent majestueusement et témoignent d'une période faste de l'histoire du Maroc. Seulement voilà, plusieurs de ses espaces historiques menacent ruine. Seule Dar El Makhzen a été rénovée, il y a près de trois ans, et reconvertie en musée d'art ouvert au public peu de temps après. La décoration de ce monument, dont la construction remonte aux environs du 18ème siècle, se distingue par son style typiquement marocain : revêtement en zellige, plâtre ciselé, coupole en bois peint ou sculpté… Les colonnes galbées et les chapiteaux composites en marbre blanc qui ornent le grand patio sont de style européen. Ce somptueux palais se présente sous forme d'un grand musée avec ses salles d'expositions (salle du trône, Bayt Al Mal, l'ancienne trésorerie, la grande coupole ...). Le musée est doté de Riad Sultan. Ce jardin est une autre merveille de style maroco-andalous. Pour donner plus d'animation à ce musée d'art, Riad Sultan offre au public une exposition permanente des chapiteaux en marbre, des margelles de puits et des canons. Située tout juste à côté dans la rue Ben Abbou et construite peu après Dar El Makhzen, la mosquée de la casbah n'a pas eu la même chance d'être restaurée. Alors qu'elle compte parmi les rares lieux de culte au Maroc disposant d'un minaret octogonal et revêtu de faïences polychromes (zelliges). La mosquée de la casbah souffre d'un manque d'entretien, surtout en ce qui concerne son minaret qui est dans un état de délabrement avancé. Sur la même place du Méchouar, à proximité du musée de la casbah, se dresse Dar Chraâ (maison de la justice). Elle a été convertie en un lieu d'exposition pour les articles de l'artisanat. Elle n'a heureusement pas subi le même sort d'abandon comme il est le cas pour l'ancienne prison qui se trouve dans le voisinage. Pour le président de l'Association du quartier de la casbah, Abdelkader L'hnoutt, «les anciens habitants du quartier comme les nouveaux sont conscients du danger qui menace la casbah, puisque la plupart des monuments historiques sont en train de disparaître». Et de poursuivre que «les habitants se montrent très solidaires pour la propreté de la casbah. Et c'est au tour des responsables de faire de même en procédant à la réhabilitation du quartier. Nous appelons à ce qu'ils mettent un terme à la construction pour éviter l'irréparable». Il est vrai que la casbah bénéficie d'un projet d'aménagement et de réhabilitation de l'ancienne médina. Mais les travaux de parage, qui rentrent dans le cadre de ce projet, n'ont concerné qu'une partie de ce site historique. Alors qu'ils ont été achevés concernant les autres quartiers bénéficiant de ce projet. Pour l'inspecteur des monuments historiques et sites du ministère de la Culture- direction régionale Tanger- Tétouan, Taoufiq Ouzgane, plusieurs projets d'aménagement et de réhabilitation de la casbah sont en discussion. «Des architectes, originaires et amoureux de la ville de Tanger, ont présenté un projet, mais le point du désaccord demeure la manière de la préservation de l'aspect architectural de ce site», a- t-il expliqué. Ce dernier a aussi fait part qu'un autre plan de sauvegarde et d'aménagement de la médina de Tanger englobant la casbah est en phase de finalisation. Rappelons que la casbah a été construite en 1664 par Al Khadir Ghaylan. Il s'agissait d'une forteresse pour mener la guerre contre les Anglais qui ont occupé la ville de Tanger de 1662 à 1684. Cette cité a été protégée par deux remparts et des tours percées au nord par une porte monumentale, défendue de part et d'autre par deux bastions saillants.