Le chef de la diplomatie française pour qui l'affaire libanaise constitue, après le tour de chauffe sur le Darfour, le premier véritable test d'efficacité depuis sa nomination au Quai d'Orsay, s'est gardé de tout triomphalisme au terme de la rencontre. «Amorcer un dialogue», «briser la glace», c'est par ces expressions minimalistes que le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a résumé le fruit de deux jours de rencontres inter-libanaises destinées à relancer le dialogue entre des forces politiques qui se regardent en chiens de faïence depuis un an, se livrant à un bras de fer politique et institutionnel qui, non seulement paralyse le pays, mais menace de le replonger dans la guerre civile. Bernard Kouchner pour qui l'affaire libanaise constitue, après le tour de chauffe sur le Darfour, le premier véritable test d'efficacité depuis sa nomination au Quai d'Orsay, s'est gardé de tout triomphalisme. Le verbe modeste reflète la difficulté de la tâche à laquelle s'est attelée, sans grandes illusions, la diplomatie française : «Il y a eu des avancées importantes dans le dialogue entre les représentants des communautés libanaises (…) Ce dialogue se poursuit entre les Libanais sur le territoire libanais». Territoire qu'il projette de visiter le 28 juillet pour accompagner et constater les progrès de ce dialogue. Cette réunion politique inédite s'était déroulée sur fond d'une sourde polémique sur l'opportunité d'inviter le Hezbollah à la table de ces consultations. Paris avait défendu ce choix en mettant en valeur le poids politique de ce parti sur la scène libanaise. Ce parti, qu'Israël et les Etats-unis accusent de se livrer à des activités terroristes, avait cru déceler dans l'invitation française un message de changement d'attitude général à l'égard de la crise libanaise. Ce sentiment avait été clairement exprimé par Mohammad Fneich, le représentant du Hezbollah à la réunion de la Celle-Saint-Cloud, qui s'est félicité de voir que «la France a modifié son approche de la question libanaise, qui est désormais plus équilibrée, du moins dans la forme (…) la précédente équipe avait pris ouvertement parti pour un camp». Une critique ouverte à l'encontre de Jacques Chirac, accusé d'avoir pris fait et cause pour le camp dans lequel se trouvait les héritiers de son ami personnel Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre assassiné et d'avoir nourri une hostilité ouverte à l'égard du président syrien Bachar El Assad.. Le journal Le Figaro, de droite et proche de Nicolas Sarkozy, avait tenté de donner du relief à l'affaire du Hezbollah «La présence du Hezbollah, avait-il écrit dans un éditorial, ne vaut pas approbation de sa politique, mais constitue un gage du sérieux de la volonté de la France d'aider le Liban à résoudre ses problèmes». La rencontre de la Celle-Saint-Cloud aura permis, outre de relancer le dialogue inter libanais, de faire avancer le dossier des prisonniers détenus de part et d'autres comme l'a affirmé Bernard Kouchner : «Ils (les représentants du Hezbollah) m'ont dit que les discussions sur le sort et la libération éventuelle des deux soldats israéliens dépendaient des négociations avec l'ONU. Bien sûr, ils m'ont aussi parlé des 11.000 prisonniers (arabes) en Israël». Il paraît clair que, devant les grandes complications apparues en cours de route, composées de réticences syriennes et de mauvaise humeur américaine et israélienne, la diplomatie française a dû revoir à la baisse ses ambitions pour la rencontre de la Celle-Saint-Cloud. Alors que l'idée inspiratrice de cette initiative était de parvenir à une réconciliation politique entre factions rivales en présence de leurs grands leaders, suivie immédiatement par la formulation d'un calendrier politique précis pour relancer les institutions, Bernard Kouchner dût revoir à la baisse l'intitulé de la rencontre, sa finalité, sa durée et le niveau de représentation de ses participations. Il s'agit de casser le gel et de reprendre le dialogue interrompu depuis un an à la suite de la guerre israélienne contre le Liban et du retrait des ministres pro-syriens du gouvernement de Fouad Saniora. Et comme pour dissiper le moindre malentendu ou une confusion que pourrait nourrir le grand écart de la diplomatie française, Fouad Siniora s'était vu réitéré le soutien de la France par le ministre de la Défense Hervé Morin parti au Liban rendre visite au contingent français de la FINUL : «Fouad Siniora est venu il y a quelques semaines à Paris et nous lui avons fait part de notre détermination, de notre soutien sans faille, absolu, pour le combat qu'il mène en faveur des institutions légitimes du Liban et pour l'unité et la souveraineté de ce pays».