Selon un rapport publié le 4 juillet par l'ONG israélienne Gisha, l'Etat hébreu assure la mort économique de la bande de Gaza, poussant les habitants vers la dépendance à l'aide humanitaire. Depuis le coup de force du Hamas, 75% des entreprises de Gaza se sont effondrées suite aux restrictions particulièrement sévères qu'opère l'armée israélienne aux frontières de la bande de Gaza. Selon l'ONG israélienne Gisha, les services de douane israéliens ont supprimé de leurs ordinateurs le code de douane identifiant les marchandises entrant dans Gaza, en dehors de l'aide humanitaire. Dans une lettre de Reuven Meltzer, député en chef de l'administration des douanes, on peut lire que «Les demandes de marchandises destinées à Gaza seront bloquées par le système informatique». Les produits les plus élémentaires viennent donc à manquer. Les prix flambent : la farine a augmenté de 34% ; le lait en poudre de 30% et le riz de 20%. Aujourd'hui, plus de 85% des Gazaouis sont dépendants de l'aide humanitaire. Cependant, selon les Nations Unies, cette aide humanitaire est nettement en dessous des besoins journaliers de la population de Gaza. «Rendre les gens dépendants de la charité ne fait que les diriger vers les éléments les plus extrêmes», déclare Sari Bashi, directrice de Gisha, jointe par téléphone. «Quand les gens travaillent et obtiennent ce dont ils ont besoin, ils sont moins attirés par l'extrémisme ou la violence. Cette politique de mettre sous pression les résidants de Gaza pour changer la composition du gouvernement palestinien n'a pas fonctionné. Comment mettre d'autant plus de pressions maintenant, cela changera quelque chose ? Pour achever des objectifs politiques, Israël fait souffrir plus de 1,4 million d'hommes, de femmes et d'enfants en les privant de leur droit de vivre. C'est illégal au regard de la loi internationale mais c'est aussi stupide», affirme-t-elle. «Les leaders palestiniens des deux côtés ont aussi une responsabilité. Ils doivent être capables de mettre leur différend de côté afin de permettre à la population de Gaza de recevoir ce dont elle a besoin. Il n'est pas juste de faire souffrir les gens, même si vous êtes persuadé que votre revendication politique est légitime», conclu Sari Bashi. «Nous avons de nombreux problèmes pour nous procurer les éléments nécessaires à la fabrication de médicaments», témoigne Eyad El-Khudary, président de Méga Pharm, seule entreprise de production pharmaceutique de la bande de Gaza. «De 20 à 30 % de nos productions sont aujourd'hui stoppées principalement les antibiotiques, analgésiques, crème et antiseptiques. Les hôpitaux, le ministère de la Santé, les pharmacies et l'UNRWA dépendent de nous. Nous n'arrivons même pas à nous procurer le sucre nécessaire à la fabrication de simple sirop de paracétamol», déclare-t-il. Selon les lois internationales, tout pays colonisateur est dans l'obligation de combler les besoins vitaux de la population colonisée. «Les engagements d'Israël sont particulièrement importants en raison de son contrôle de l'espace aérien de Gaza, des eaux territoriales, et des frontières terrestres avec le monde extérieur, y compris le contrôle significatif de la frontière avec l'Egypte. Une telle situation rend les civils de Gaza sujets aux décisions prises par Israël», explique le rapport. «Israël viole les engagements qu'elle a pris en vertu du droit international et des droits de l'Homme ainsi que la loi israélienne». L'ONG Gisha dénonce une punition collective qui impose une pression considérable sur les habitants de Gaza, dont « 87% des résidants vivent au-dessous de la ligne de pauvreté. »