Plusieurs ONG dénoncent le blocus imposé par l'Etat d'Israël sur la population de Gaza. Les interdictions de mouvements empêchent notamment une dizaine d'étudiants en thérapie de finir leur cursus à l'université de Bethléem. Ce mercredi, la Cour suprême israélienne doit entendre les arguments concernant une pétition déposée par dix étudiants de Gaza et trois ONG sur les restrictions de passage de la Bande de Gaza à la Cisjordanie. Gisha, le comité de Gaza pour un programme de santé mentale et Bituna, contestent le contrôle entier du gouvernement israélien sur la vie civile des habitants de la Bande de Gaza, malgré le désengagement opéré en 2005. Les dix étudiants originaires de Gaza veulent se spécialiser en thérapie professionnelle, études psychiatriques visant notamment à accompagner les habitants qui ne peuvent plus avoir d'activités normales. L'université de Bethléem est la seule à délivrer ce diplôme spécialisé. Cependant, les étudiants sont interdits de se rendre de Gaza en Cisjordanie même par la Jordanie, le gouvernement hébreu considérant Gaza comme un «pays étranger.» Depuis quatre ans, leur demande reste sans réponses. C'est donc 300 étudiants en diverses spécialités médicales qui sont forcés d'étudier au moyen de vidéoconférences, d'Internet, de voyages en Egypte, et de visites intermittentes de conférenciers étrangers. «Les étudiants sont obligés d'aller au Caire pour rencontrer leurs professeurs à cause de l'interdiction du gouvernement israélien», déclare Sari Bisha, présidente de l'ONG israélienne, Gisha. Aucun de ces jeunes gens ne peut obtenir le diplôme final qui leur permettrai d'épauler le seul spécialiste présent dans la Bande de Gaza, par faute de blocus israélien. Pourtant, les besoins sont importants dans la Bande de Gaza. Le taux d'handicaps, physique ou psychiatrique atteint les 17% de la population. Environ 24.000 individus souffrent d'infirmités. La majeure partie de ces handicaps résulte de maladies, d'accidents, mais aussi et surtout de bombardements israéliens et de la situation sécuritaire catastrophique. «Nous avons de grands besoins en matière de thérapie psychologique et physique dans la Bande de Gaza. Nous souffrons de l'occupation et de l'état de guerre. 3 % des personnes handicapées de la Bande de Gaza sont des blessés de la première Intifada qui ont besoin de notre aide», témoigne Rema, 22 ans, en dernière année d'études en thérapie, aujourd'hui au Caire pour rencontrer ses professeurs. «Les gens ont des syndromes psychologiques dus à la guerre, notamment le stress, les enfants font des cauchemars, ils ont peur», explique la jeune femme. La génération de la seconde Intifada développe de plus une violence particulière. «Nous n'avons connu que la voilence ici», témoigne Majd, un jeune homme de Naplouse, «ici, si tu n'as pas d'armes tu n'es rien», insiste-t il. «Les femmes aussi souffrent, notamment celles qui ont perdu leurs enfants, morts sous leurs yeux. Nous apprenons comment les aider à évacuer leur peine. Nous tentons de développer des activités qui puissent donner à tous ces gens un sens à leur vie», conclut Rema. «Les militaires refusent à ces étudiants leur droit à la libre circulation et à l'accès à l'éducation, simplement parce que ce sont des Palestiniens de Gaza. Cette diabolisation est absurde, particulièrement pour des jeunes cherchant à fournir des services de santé publique nécessaires aux résidents de Gaza», dénonce Sari Bashi.