Évoquée dans le passé par l'administration Bush, la démocratisation de la Syrie comme condition préalable à tout dialogue avec Damas n'est plus d'actualité au regard du «paradis » démocratique qu'est devenu l'Irak. L'idée même d'une administration américaine réticente à un dialogue entre Israël et la Syrie peut paraître surprenante à une opinion internationale habituée à voir dans l'approche générale de Washington une volonté d'installer durablement l'Etat hébreu dans un environnement arabe historiquement hostile. Pourtant, il apparaît de plus en plus comme une évidence que la stratégie de George W. Bush à l'égard de la Syrie est verrouillée sur un refus tranchant, allant jusqu'à exclure l'idée de parrainer des pourparlers entre Ehud Olmert et Bachar El Assad. Les éditorialistes de la presse israélienne reviennent souvent sur les raisons qui expliquent cette indifférence américaine à l'encontre d'un dossier aussi déterminant que la paix israélo-syrienne. Evoquée dans le passé par l'administration Bush, la démocratisation de la Syrie comme condition préalable à tout dialogue avec Damas n'est plus d'actualité au regard du «paradis » démocratique qu'est devenu l'Irak. De l'avis de nombreux observateurs, le président américain est obsédé par la chute de Bachar Al Assad et le changement de régime à Damas. Ceux, parmi l'establishment israélien qui encouragent l'ouverture de négociatios n avec la Syrie, mettent en avant ce qu'une telle démarche a d'immédiatement profitable pour Israël ; le moindre contact public avec la Syrie aura comme conséquence d'isoler les dirigeants syriens du triangle shiite (Iran, Irak, Hezbollah libanais) qui est en train de reconfigurer la physionomie de la région. Ils mettent en avant un argument politique de taille : Il vaut mieux chercher à établir des accords stables avec des pays comme la Syrie, plutôt que de courir derrière des organisations dont la puissance et la raison d'être sont le refus de faire la moindre concession aux israéliens. La presse israélienne souligne régulièrement le fait que parce qu'il y a «une conjonction d'intérêts» entre Washington et Tel Aviv, aucune initiative ne peut être prise en direction de Damas sans la bénédiction des Américains et s'étonne de les voir relativement actifs sur le front palestinien et discrètement distants sur l'affaire syrienne. Dernier signe de mauvaise humeur, la décision américaine d'interdire l'accès à son territoire à des personnalités libanaises et syriennes qui «ont été impliquées ou qui pourraient être impliquées dans la déstabilisation du gouvernement libanais ». Cette position s'est traduite aussi par le travail de sape auquel s'est livrée Condoleezza Rice lors de sa dernière visite en France et qui a abouti à ce que la grande réunion de réconciliation libanaise portée par la diplomatie française, sous la houlette du bouillant Sarkozy se transforme en simple rencontre de consultation interlibanaise à laquelle ne participent ce 14 juillet que les seconds couteaux à la Celles Saint-Cloud, en banlieue parisienne. Du coté de Damas, échaudés par l'échec d'un processus de rencontre avec les israéliens lancé le siècle dernier à Madrid, les Syriens, tout en montrant leur disponibilité à entamer des négociations avec Israël, insistent à travers les canaux publics et privés sur le fait que la finalité doit être la restitution du Golan occupé par l'armée israélienne suite à la guerre des six jours. Leur bible en la matière est un document écrit de la main de Itzhak Rabin dont un exemplaire authentifié est déposé dans les archives américaines dans lequel Israël s'engage à évacuer le plateau au terme de ces négociations. Même si la remontée d'Ehud Barak dans l'astre politique israélien remet la question syrienne au cœur du jeu politique régional, les Syriens sont convaincus qu'aucun accord avec les Israéliens ne pourra se faire sans la bénédiction américaine. Cette conviction n'empêche pas la lucidité. Le vice-président syrien Farouk Al-Sharaa, qui avait représenté son pays lors des dernières discussions officielles avec Israël en 2000, a été catégorique dans ses récentes déclarations : «Nous ne sommes pas optimistes, le président américain ne veut pas la paix entre Israël et la Syrie». Le président américain qui accuse la Syrie de déjouer ses plans en Irak, de s'allier avec un membre éminent de l'axe du mal, d'encourager la rébellion palestinienne, a opté pour l'isolement de la Syrie au point d'en faire son obsession du moment.