Mohammed Benamar, directeur technique national de tennis, nous fait le point sur le circuit maghrébin «Future». Selon lui, la participation marocaine a été jusqu'à présent satisfaisante. ALM : Etes-vous satisfait de la prestation marocaine lors des tournois «Future» qui se sont déroulés en Algérie et en Tunisie ? Mohammed Benamar : En tout, il y avait trois tournois «Future» en Algérie et trois en Tunisie. Reda El Amrani a disputé un quart de finale, une demi-finale et une finale. Rabie Chaki, lui, a remporté un tournoi tout comme Mahdi Ziadi. En Tunisie, par exemple, les tennismen marocains ont dominé les épreuves du tournoi international «Future» de Sousse en raflant les titres du simple et du double messieurs. La finale de ce tournoi a été 100% marocaine. Le jeune El Amrani a également remporté, samedi dernier, le tournoi de tennis de Hammamet. Bref, les résultats sont encourageants. Et cela n'est pas du tout surprenant. En effet, les tennismen marocains étaient bien préparés. Avec les tournois «Future» et les Challengers, ils étaient déjà dans le bain. Qu'est-ce qu'un tournoi «Future» ? Un tournoi « Future » est doté de 10.000 dollars. Ce genre de compétition permet, par exemple, aux joueurs non classés de remporter des points qui leur permettront par la suite de participer à d'autres tournois comme les Challengers. Ce « circuit maghrébin » de Future a été initié par la Fédération royale marocaine de tennis (FRMT). Après l'Algérie et la Tunisie, c'est au tour du Maroc où aura lieu les dernières étapes avec notamment le tournoi de Kenitra. Une compétition qui débute cette semaine. Les tournois «Future» réunissent des assoiffés de tennis car c'est durant ce genre de manifestation où ils peuvent gagner leurs premiers points ATP. Comment évaluez-vous le tennis marocain au niveau du Maghreb ? Le Maroc se positionne bien au niveau maghrébin. On a, depuis longtemps, dominé les championnats arabes. Même au niveau africain, on a toujours eu de bons résultats. Au Maroc, on souffre du manque de moyens, mais on a d'excellents entraîneurs. Il y a un autre obstacle, c'est qu'on n'a pas de système sport-étude. À l'âge de 15 ou 16 ans, nos jeunes tennismen doivent choisir : soit continuer les études et abandonner le sport, soit le contraire. Ils ne peuvent pas faire les deux à la fois. En tout cas, le sport-étude est l'un des points importants prévus dans le contrat-programme que la Fédération royale marocaine de tennis (FRMT) et le gouvernement vont bientôt signer. On compte aussi récupérer le complexe Al Amal pour en faire un centre national de formation. Peut-on dire que la relève est assurée ? Le Maroc est une véritable pépinière. On a de plus en plus de jeunes joueurs et joueuses, dont le talent ne demande qu'à éclore au plus haut niveau. Malheureusement, tant qu'on n'a pas de système sport-étude, rares seront les parents qui laisseront leurs enfants abandonner l'école au profit du sport. Reda El Amrani, qui avait un très bon niveau scolaire, a pris ce risque. Il y a aussi le problème des moyens. Le tennis coûte cher. Nos jeunes tennismen ont impérativement besoin de sponsors pour participer aux divers tournois internationaux. Au Maroc, il n'y a pas assez de tournois dédiés aux filles. Le «tennis au féminin» n'est-il pas marginalisé ? Pour vous répondre, je dirais que c'est une question qui se pose au niveau mondial. Le tennis féminin n'a pas la même place que le circuit des hommes. En plus, dans certains pays arabes et africains, certains milieux ne tolèrent pas qu'une fille pratique ce sport. Cela dit, au Maroc, c'est rare qu'on ait ce problème d'ordre culturel. D'ailleurs, il y a de plus en plus de jeunes joueuses qui réussissent à s'imposer au niveau continental comme Fatima-Zahra Alami ou encore Nadia Alami.