Allal a été condamné à 4 ans de prison ferme pour avoir eu recours, avec deux complices dont une femme, à l'escroquerie au moyen de la méthode dite «Samaoui». En djellaba et babouches blanches, Allal se tenait cet après-midi du lundi 4 juin devant le président de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Safi. «Je suis innocent M. le président…», répondait-il à chaque fois que le magistrat lui demandait des explications sur l'accusation retenue contre lui, à savoir l'escroquerie au moyen de la méthode connue communément chez les escrocs par «Samaoui». Cette méthode nécessite au moins la complicité d'une autre personne. Allal en avait deux dont une femme et qui sont actuellement en état de fuit. Et la dernière affaire qui a permis à la police de Safi de les arrêter explique par le menu détail la méthode qu'ils utilisaient pour mettre leurs victimes dans le filet. C'est Allal qui jouait toujours le rôle du f'kih. Avec sa djellaba et ses babouches blanches, il a croisé, en fin du mois de mai dernier, une jeune femme. Poliment, il lui a demandé où se trouvait l'un des mausolées de la ville de Safi. Au moment où elle s'apprêtait à lui indiquer la direction, un homme quadragénaire passait devant eux. Le fkih l'a arrêté et lui a demandé s'il n'allait pas au tribunal pour un litige familial. Simulant la surprise, il lui a rétorqué par un enjoué « Qui t'en as informé ? ». La femme n'en revenait pas non plus. Pour de vrai. L'homme, quadragénaire a mis la main dans sa poche et a remis cent dirhams au fkih en lui demandant d'implorer Dieu pour lui trouver une solution à son problème avant de partir. «Il gagnera son affaire… », a dit le fkih à la femme qui se tenait encore près de lui. Tout d'un coup, il a commencé à contempler son visage avant de l'interroger si elle était l'épouse d'un policier, si elle se rendait chez de la famille et si elle n'avait pas quelques problèmes avec son mari. Il lui a dévoilé d'autres secrets comme s'il l'avait connue depuis toujours. Piégée, la jeune femme buvait presque ses paroles. Il lui a expliqué que ses ennemis lui avaient jeté un sort pour détruire sa vie conjugale. Il lui a expliqué que les produits de la sorcellerie qui ont été utilisés par ses ennemis étaient un liquide avec lequel ils ont aspergé tous ses bijoux en or. Et la solution ? «Tu dois m'amener tous tes bijoux en or pour les exorciser et rendre ton foyer conjugal plus agréable», lui a-t-il dit sur un ton sérieux Abandonnant tout ce qu'elle voulait faire, la jeune femme s'est précipitée chez elle pour prendre tous ses bijoux en or et les remettre au fkih qui l'attendait encore dans la rue. Quand elle les lui a remis, il lui a mis dans la main une petite pierre et lui a ordonné de partir sans tourner la tête. «Tu trouveras tes bijoux en cours de chemin», lui a-t-il chuchoté à l'oreille. Quelques dizaines de pas en avant, la jeune femme qui n'a rien trouvé sur son chemin, a tourné la tête pour s'assurer que le fkih était toujours à sa place. Malheureusement, il s'était évaporé. Où ? Elle ne savait pas. Elle a tout avoué à son mari, policier de son état, qui a porté plainte. Des investigations ont été entamées. Quelques jours plus tard, seul le fkih Allal a été arrêté. Il a affirmé aux enquêteurs que l'homme qui était passé quand la jeune femme commençait à lui indiquer la direction du mausolée était son complice. Qui lui a donné toutes les informations sur la victime ? C'est son deuxième complice, qui est une femme, qui se chargeait de les collecter auprès des voisins. Jugé coupable pour escroquerie, Allal a été condamné à 4 ans de prison ferme. Ses deux complices sont activement recherchés.