L'appel lancé par Mohamed Elyazghi, sur les colonnes d'ALM (N°1425), au mouvement Al Adl Wal Ihssane pour qu'il se transforme en parti politique a suscité beaucoup de réactions. En effet, l'invitation lancée par le premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi, a ressuscité un débat interne au sein du mouvement d'Abdessalam Yassine. Car, le courant appelant à intégrer la vie politique y existe depuis plusieurs années. Mais, il n'a jamais pu – ni su – s'imposer devant le discours radical de la rupture. En fait, il existe deux courants au sein d'Al Adl Wal Ihssane. Le premier se base sur l'imaginaire, le rêve, le virtuel…On peut dire que c'est le côté irrationnel du mouvement. Mais, d'un autre côté, il existe un courant qui dispose d'un minimum de rationalité et de cohérence. Le premier est celui dirigé par Abdessalam Yassine. Il se base sur tout ce qui est rêve, vision, miracles et pouvoirs paranormaux du Cheikh. Les exemples ne manquent pas. On peut citer le fait de faire croire aux adeptes que leur chef spirituel assiste à toutes leurs réunions où qu'elles soient. Il peut se trouver ainsi à Oujda et à Zagoura en même temps. Comme il peut partir à La Mecque, le soir faire sa prière et rentrer le matin chez lui. Le deuxième est constitué de cadres qui veulent donner à leur mouvement un statut de formation politique porteuse d'un discours idéologique conservateur islamiste. C'est le cas notamment des jeunes cadres du cercle politique. Cette dernière tendance était sur le point de prendre le dessus au sein du mouvement, il y a juste une année. Et tout s'acheminait vers une solution à la PJD, à savoir que le cercle politique se transforme en parti politique mais il reste adossé à un mouvement idéologique dirigé par les chefs spirituels. Mais cette solution n'intéressait pas les supposés héritiers de Abdessalam Yassine, notamment sa fille et porte-parole Nadia Yassine qui voit dans cette solution la fin de sa carrière au sein d'Al Adl Wal Ihssane. C'est pour cela d'ailleurs que, chaque fois que les choses commencent à s'orienter vers la normalisation, elle intervient pour en saboter le processus. C'est ce qui s'est passé avec la sortie médiatique concernant l'instauration d'une république islamique au Maroc. Mais le cas le plus flagrant, c'est l'histoire du fameux rêve du Cheikh préconisant une prise du pouvoir avant la fin de 2006. Un coup monté par l'entourage de Nadia Yassine profitant de la faiblesse de la santé du père qui, selon des sources informées, est dans l'incapacité de gérer quoi que ce soit et il est sous le monopole total de sa fille qui s'est transformée en interface entre lui et les autres. En tout cas, l'objectif du canular du fameux rêve était de déstabiliser ce qui se préparait à l'intérieur du mouvement: une sorte de rébellion de la jeune garde qui voulait aller de l'avant dans le projet politique. En fait, Nadia Yassine voulait juste gagner un peu de temps, afin de pouvoir mieux préparer la succession de son père. Peut-être à travers une nouvelle vision du Cheikh. Mais, ce stratagème s'est retourné contre elle, et elle s'est retrouvée dans une situation où elle a décrédibilisé son propre père. Cela s'est d'ailleurs vu lors des journées portes ouvertes qui ont été un échec total étant donné que le mouvement n'attire plus de nouvelles recrues car il n'est plus crédible. Aussi, le seul espoir qui reste à Al Adl Wal Ihssane pour survivre, c'est d'entamer immédiatement sa transformation en parti politique. Sinon, tout se terminera comme pour le rêve de Yassine…