Une grave tension règne sur les campus de Meknès, après le meurtre de l'étudiant Snoui Mohamed Taher. Une nouvelle victime de l'affrontement entre activistes amazighs et militants d'extrême gauche, après les événements tragiques d'Errachidia. Nouvelle victime, une de plus, mais de trop, de l'affrontement sanglant qui oppose des activistes du Mouvement culturel amazigh (MCA) et des militants d'extrême gauche. Après le meurtre d'Abderrahmane Al Hassnaoui, un étudiant en géophysique originaire de Guelmim, il y a une dizaine de jours à la cité universitaire d'Errachidia, à la suite d'affrontements violents qui ont fait également six blessés, c'est au tour d'un étudiant à la Faculté des sciences juridiques et des sciences économiques de Meknès de payer le coût de l'intolérance. Pas plus tard que le 22 mai, alors qu'il était de retour à la mi-journée de la Faculté de droit de Meknès, le regretté Snoui Mohamed Taher, originaire de la ville de Rissani, a été abordé par une dizaine d'inconnus sur la voie publique au quartier Sidi Saïd, situé à proximité de cette faculté. Armés d'armes blanches et de barres de fer, ces derniers ont asséné à la victime plusieurs coups qui ne lui laissent aucune chance de survie. Selon un témoin oculaire, un étudiant qui a requis l'anonymat, «la victime a fait l'objet d'une agression sauvage», s'interrogeant sur le réel mobile de «l'acharnement hystérique contre le défunt». «Bardés d'objets tranchants, les agresseurs se sont acharnés contre lui (la victime) au point d'avoir complètement défiguré son corps», raconte-t-il, indigné par la sauvagerie du crime. Le 10 mai, à proximité de la Faculté des sciences de Meknès, «un groupe d'activistes du Mouvement culturel amazigh, composé d'une quarantaine de personnes, avait attaqué des militants basistes, en proclamant des slogans contre l'arabité et en revendiquant la supériorité de l'amazighité», rappelle-t-il, faisant constater que «les activistes amazighs ont radicalisé cette année leur discours». Ces derniers auraient promis de porter «l'affrontement avec les basistes bien au-delà d'Errachidia», qui a été il y a dix jours le théâtre d'un affrontement sanglant entre des activistes du MCA et du parti «Annahj» (Voie démocratique). Bilan : un mort (Abderrahmane Al Hassnaoui, originaire de Gulemime) et six blessés (Rachid El Kadiri, Idir Benameur, Brahim Tahiri, Mohamed Oulhaj, Rachid Hachimi et Abdelaziz Essaïdi). D'après nos sources, ce qui se passe ces derniers jours est le résultat d'«une guerre de leadership entre des Amazighs et des militants de l'extrême gauche». «Chacun des deux clans prétend être l'unique représentant des étudiants auprès de l'administration», avait estimé le directeur de la cité universitaire d'Errachidia, Zineddine Jouihri, dans une déclaration à ALM. Mais au-delà de la représentativité, d'autres facteurs sont en jeu. «Nous ne sommes plus dans le schéma classique de l'affrontement entre progressistes et obscurantistes, mais face à une bataille sur fond de revendications ethniques», explique un universitaire. «D'une part, vous avez un mouvement qui revendique la supériorité des Amazighs, et de l'autre, une partie, dominée par les militants de l'ancien mouvement Ila al Amam, qui réclame le droit des sahraouis à l'autodétermination», poursuit-il, en mettant en garde contre le danger que «ces deux extrêmes ne prennent en otage l'université marocaine, en la transformant en lieu de revendications politiques». Au détriment, bien entendu, de sa fonction principale : le savoir.