Alors que leurs dirigeants disent qu'ils sont contre la violence, les étudiants islamistes ont transformé les campus universitaires en champs de bataille. L'existence d'une violence d'origine islamiste est une réalité que personne ne conteste. Sauf les islamistes eux-mêmes. Car, chaque fois qu'un dirigeant islamiste est interpellé sur la question, il répond immédiatement, et sans aucune gêne, que son mouvement est contre la violence. Cette constance dans le déni est elle-même source légitime de suspicion. Alors qui est derrière ces actes de violence qui agitent nos universités ? Dans une déclaration au quotidien Attajdid, le président de l'Organisation du renouveau estudiantin marocain (OREMA), Mustapha El Khalfi, estime que «ces événements montrent que la violence estudiantine s'est trouvé de nouvelles justifications qui se nourrissent essentiellement des thèses séparatistes et ethniques, en plus de l'héritage de l'extrême gauche qui a œuvré pendant des décennies pour consacrer la culture de la violence révolutionnaire comme l'unique manière de régler les différends et imposer son point de vue». Donc, pour M. El Khalfi, la responsabilité des actes de violence qu'ont connus les universités de Casablanca, Agadir, Marrakech et Errachidia incombe aux autres. Les islamistes n'y sont pour rien. C'est tout simplement du révisionnisme. Le président de l'OREMA avoue, cependant, dans le même article que les étudiants islamistes assument une part de responsabilité «puisque certains d'entre eux n'ont pas assumé leur devoir de cerner la structure culturelle qui produit et alimente la violence». Cela signifie-t-il que M. El Khalfi appelle ses militants à se mobiliser davantage pour réduire définitivement l'adversaire gauchiste. Si oui, par quels moyens compte-t-il arriver à ses fins ? Il ne nous le dit pas. Tout cela rappelle, fâcheusement, les discours des étudiants islamistes du début des années 1990 qui appelaient à faire de cette décennie celle de la reconquête (Al Fath) des derniers remparts de la gauche au sein des universités marocaines. Ces appels avaient donné lieu à de graves actes de violence et d'agressions organisées et préméditées dans des campus universitaires comme celui de Fès. Cela avait provoqué, entre autres, l'assassinat par des étudiants islamistes en 1993 de l'étudiant Aït El Jid. Il se trouve, pour finir, que le président de l'OREMA n'a pas été le seul à s'exprimer sur la question dans cette fameuse édition du 16 mai d'Attajdid. Mohamed Benmasaoud, un responsable au sein de l'organisation estudiantine d'Al Adl Wal Ihssane a, lui aussi, tenu à «réaffirmer le rejet» par son mouvement «de tout acte de violence quelle que soit son origine». Alors si les étudiants du PJD et ceux d'Al Adl Wal Ihssane disent qu'ils sont contre la violence, les barbus qui se battent, parfois jusqu'à la mort, contre les étudiants de gauche dans les campus, ils appartiennent à quel mouvement ?