Lors de la marche nationale contre le terrorisme après les attentats du 16 mai 2004, des jeunes de Sidi Moumen, prenant part à ladite manifestation, ont bruyamment exprimé leur mécontentement d'être toujours pris pour des terroristes en puissance. Le quartier Jamaâ Mezouak à Tétouan ne diffère pas trop du quartier El Oued à Salé, ni de Aouinat Elhejjaj à Fès, Aïn Maâza à Meknès, Béni Mekada à Tanger, une bonne partie de Youssoufia ou encore Sidi Moumen à Casablanca. Les somptueuses demeures y côtoient les baraques, la jupe le tchador et le dealer le barbu branché côté Kaboul. Ce sont des quartiers qui ont donné des kamikazes, mais aussi d'autres jeunes qui ont brillé autrement. Jamaâ Mezouak a donné les frères Ahmidane, mais aussi quelques terreurs du foot qui font le bonheur de l'équipe de première division de la ville. Les mélanges de genres y sont toutefois explosifs. Sinon, comment expliquer qu'un jeune, lauréat d'un Bac Sciences Math, promu à un radieux avenir après des études à l'EMI, peut-il tout bousiller pour aller se faire exploser en Irak en compagnie de son frère ? Et par la même occasion être reniés, tous les deux, par leur géniteur. Les habitants de ces quartiers ont raison d'en avoir marre de faire l'objet d'une encombrante méfiance générale. Lors de la marche nationale contre le terrorisme après les attentats du 16 mai 2004, des jeunes de Sidi Moumen, prenant part à ladite manifestation, ont bruyamment exprimé leur mécontentement d'être toujours pris pour des terroristes en puissance. Le terrorisme ne peut être automatiquement lié à la pauvreté et à la précarité. Ce serait une insulte pour une bonne partie, malheureusement, des Marocains inclus dans la catégorie des défavorisés. Reste toutefois le drame de multiples familles dont les enfants, plusieurs, ont défrayé la chronique. Deux des frères Raydi, Abdelfettah et Ayyoub, ont été emportés par leurs bombes, à un mois d'intervalle. Leur cadet, Othmane, se trouve derrière les barreaux en relation avec les mêmes explosions de Casablanca. Les frères Maha, Mohamed et Omar, ont laissé la peau, à quelques minutes d'intervalle, au boulevard Moulay Youssef. Jamal Ahmidane, cerné par la police espagnole, se donne la mort en compagnie d'autres suspects à Leganès le 3 avril 2004, et ce sont tous ses frères qui voient leurs rêves et entreprises tomber à l'eau. Dans tous ces cas de figure, les doctrines de la haine ont, hélas, pris le dessus sur l'instinct de vie. Avec d'énormes dommages collatéraux.