Si le quartier El Oued à Salé est réputé pour une cohabitation entre salafistes et dealers, Jamaâ Mezouak vit la même situation. Tour d'horizon. Situé au nord-ouest de la ville de Tétouan, le quartier Jamaâ Mezouak, du nom de la célèbre mosquée qu'il abrite, compte environ 50.000 âmes et s'étend sur une superficie de 150 hectares. C'est l'un des plus anciens et des plus grands quartiers de la Colombe blanche, violemment propulsé au-devant de l'actualité internationale en relation avec le terrorisme. Il a les caractéristiques d'un grand village enclavé qui dépend depuis toujours du quartier Aguada (plus connu par Louada) ne dépassant pas les quelque 5000 habitants. Et comme la plupart des quartiers pauvres, Jamaâ Mezouak manque de véritables infrastructures. Les habitations ne sont pas toutes reliées au réseau de distribution d'eau et d'électricité, les habitants ont souvent recours aux deux fontaines publiques. Dès qu'on approche de l'entrée de Jamaâ Mezouak, on est surpris par la grande effervescence qui règne tout au long de la rue Al Mamoune. Des dizaines de marchands de légumes, de fruits, de poissons, des articles en plastique et des marchands d'épices investissent les trottoirs alors que le quartier dispose d'un grand marché comportant 170 commerces restés fermés depuis plusieurs années. «Ce marché est à l'abandon devant l'indifférence des autorités et des élus. Il aurait aidé aussi bien à circonscrire le phénomène des marchands ambulants que de faire travailler les habitants de ce quartier», confie Ba Abdeslam, conducteur d'autocar et père de six jeunes au chômage, avant de poursuivre que «les élus ont profité de la naïveté des habitants et se sont servis d'eux pendant les campagnes électorales en leur vendant de fausses promesses. Ils ont promis surtout aux jeunes du quartier de leur accorder quelques locaux au sein de ce marché». Comble du paradoxe, dans ce quartier, on est aussi surpris par quelques belles demeures, appartenant en grande partie aux résidents marocains de l'étranger, et de l'aspect vestimentaire des élèves du seul collège que compte le quartier. Jamaâ Mezouak est surpeuplé en fait d'un mélange d'habitants des régions avoisinantes : Ghmara, Benyahmad, Ghzawa, Bnihassan… Il n'est plus surprenant de voir ainsi des dealers offrant cannabis et comprimés psychotropes dans la rue. Et en l'absence d'espaces de loisirs, les jeunes désœuvrés se donnent rendez-vous dans les quelques cafés délabrés du quartier.