Elu dans un contexte difficile, le nouveau président nigérian, Al-Hadji Umaru Musa Yar'adua, a déjà effectué une tournée à l'étranger. Le successeur d'Obesanjo se pose en panafricaniste. Le sixième producteur mondial de l'or noir a un nouveau président depuis le 21 avril dernier. Un parfait inconnu qui tend la main à une opposition largement contestatrice et mal remise d'un scrutin dénoncé par la plupart des observateurs internationaux par ses irrégularités. Elu dans un contexte tendu, sous fond d'émeutes et de violences inter-ethniques, Al-Hadji Umaru Musa Yar'adua, issu du socle Peul-Haoussa du Nord musulman, se pose d'emblée en panafricaniste réaliste : «La priorité de mon gouvernement est l'énergie, l'éducation et l'agriculture. La deuxième est l'économie, la troisième est l'économie, la quatrième est l'économie», a-t-il déclaré dès son élection. Avant son investiture prévue le 29 mai 2007, le successeur d'Olesegun Obesanjo, juque-là gouverneur de l'Etat du Katsina et candidat du parti au pouvoir (PDP), s'est empressé de rallier les capitales limitrophes, exaltant l'excellence des relations traditionnelles entre Abuja et Lomé et vantant les mérites de l'intégration sous régionale de l'Afrique de l'Ouest. Même discours constructif à Cotonou (Bénin) et au Sénégal où le président élu a été chaleureusement accueilli par un Abdoulaye Wade qui a par le passé porté l'ombrage sur la puissance ouest-Africaine tant dans les médiations régionales que sur la question hypthétique d'un siège africain à l'ONU. Le président sénégalais s'est vu promettre un appui ferme dans la résolution de ses problèmes énergétiques. Le large sourire de Wade qui a accompagné son homologue jusqu'au pied de l'avion à la fin d'une visite de quelques heures en dit long sur l'attente des Sénégalais de la part d'un pays producteur mais régulièrement frappé de pénurie de carburants. La tournée passera aussi à Alger, le temps d'un baiser politique de deux jours avec le président Bouteflika. De l'autre côté, avec le Cameroun, le nouveau président hérite de conditions favorables pour la paix, puisque le 11 mai, à Abuja, à l'issue de la 5ème session extraordinaire de la Commission mixte des Nations Unies a établi définitivement le tracé de la frontière entre les deux pays. M. Umaru devra désormais s'atteler à réconcilier les différentes ethnies de cet Etat fédéral et rassurer les majors internationaux en mettant aux incessants rapts qui rythment la vie des champs pétrolifères. Il devra pour y arriver procéder à de nombreux réglages et réconcilier la loi sur le foncier promulgué sous l'ère Obesanjo avec le droit coutumier. Exercice plutôt difficile.