Oujda. la capitale de l'Oriental s'apprête à rendre hommage à la plus ancienne école primaire du Maroc : l'école Sidi Ziane qui commémore cette année son centenaire. Un programme riche et varié en perspective. Juste quelques mois après l'occupation de la ville d'Oujda par l'armée française le 29 Mars 1907, une école urbaine musulmane fut édifiée et a ouvert les portes de ses deux classes en octobre de la même année. Le nombre de ses élèves était de vingt- trois. En 1910, cette école comptait 103 élèves qui sont passés à 220 en 1913 dont 66 Européens et 154 Marocains et Algériens. Ce fut la première école moderne du Maroc. Elle fut baptisée dans un premier temps l' «Ecole arabe française», puis l' «Ecole urbaine musulmane de la place Sidi Ziane» avant de prendre définitivement l'appellation «Ecole Sidi Ziane». L'enseignement dispensé était basé sur l'apprentissage de la langue française et sur les connaissances des sciences modernes sans pour autant se soucier de la formation des futurs cadres appelés à assumer des responsabilités civiles ou militaire. Dans un premier temps, l'apprentissage de la langue arabe et des valeurs musulmanes était tout simplement exclu. C'est à partir de cette école que l'enseignement de la langue française fut généralisé au Maroc et est devenu une langue obligatoire de travail. Il faut aussi signaler qu'en 1907, il y'avait une Médersa et plusieurs écoles coraniques qui constituaient le système éducatif local. Les matières enseignées s'articulaient autour de la grammaire, la jurisprudence, l'enseignement du Coran, l'écriture et la lecture. Les études étaient d'un bon niveau mais ne facilitaient guère l'acquisition des nouveaux savoirs, d'où l'importance de l'apport d'une école moderne. Cette année, la ville d'Oujda s'apprête donc à rendre à cette école un vibrant hommage en célébrant cet anniversaire avec l'éclat qu'il mérite. Plusieurs associations ainsi que les autorités locales ont exprimé leur détermination de redorer le blason de cette institution historique qui a vu défiler sur ses bancs une multitude de personnalités patriotiques, sportives, politiques et culturelles. Cette manifestation est considérée par les organisateurs comme une vraie leçon d'histoire. Cette école qui fut aménagée à maintes reprises et qui a connu une expansion après l'indépendance, se heurte actuellement à des problèmes et nuisances externes. Il faut donc revaloriser cet établissement dont le vaste espace de sa cour tente plusieurs associations, surtout en période électorale. Cette situation risque de porter préjudice à cet édifice qui, à l'instar de certains monuments de la ville, n'est pas protégé. Les efforts doivent converger vers une exploitation réfléchie de cette école. Une salle omnisports ou une médiathèque seront d'un bon apport aux jeunes de l'ancienne médina, espèrent les habitants avoisinants. «Sidi Ziane a joué un rôle déterminant dans la propagation du savoir, mais actuellement le nombre de ses élèves est en constante diminution», estime Mohamed Loukili, un jeune informaticien branché et qui regrette que son ancienne école ne puisse pas favoriser l'éclosion des jeunes talents qui ne manquent pas dans cet ancien quartier de la médina. « Sidi Ziane peut assumer un double rôle : former et éduquer les petits du quartier et proposer un espace d'évasion ou de détente intellectuelle», renchérit Hamid Ennaji, un jeune commerçant du quartier. Le programme de la célébration du centenaire prévoit l'aménagement de cette école qui sera piloté par la province, l'exposition de quatre mille cartes postales relatant l'histoire de la ville, la présentation et la dédicace du livre «Oujda et l'Amalat», la réalisation par les élèves de cette école d'une bande dessinée sur l'évolution de l'enseignement. Des tables rondes et des conférences sont également prévues et permettront vaux participants de débattre de l'évolution de l'enseignement dans la ville d'Oujda.