Les responsables du FFS ont décidé de boycotter les prochaines élections législatives algériennes. Ils ont également dressé un violent réquisitoire contre le manque de démocratie en Algérie. Ce qui était prévisible depuis les déclarations du ministre algérien de l'Intérieur et des Collectivités locales inhérentes à la disqualification des élections législatives du 17 mai de toute formation politique, qui n'aurait pas renouvelé ses instances exécutives dans les délais réglementaires, est arrivé. Le Front des forces socialistes a, en effet, décidé, vendredi 9 mars, de boycotter ce scrutin. Comme le fait généralement dire l'ineffable Fréderic Dard à son détective San Antonio, le communiqué rendu public à ce propos par le plus ancien des partis d'opposition du pays est aussi sec qu'une journée sans pain. «Le FFS a l'honneur, la liberté et le privilège d'annoncer sa décision de non-participation au prochain scrutin législatif», indique-t-il. Les raisons que le parti de Hocine Aït Ahmed avance sont moins péremptoires. «Il n' y a pas de démocratie même après trois élections présidentielles, quatre scrutins législatifs, depuis 88, même après toutes les élections municipales et moult révisions constitutionnelles», précise-t-il. Comme l'a souligné M. Aït Ahmed, dans son message au conseil national, le prochain scrutin ne sera donc «qu'une simple mise en scène consacrant un Zawaj El Moutaâ (mariage de jouissance) avec le pouvoir». C'est ce qu'ont réaffirmé le premier secrétaire du parti, Ali Laskri, et le secrétaire national chargé de la Communication, Karim Tabbou, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue des travaux et dont la majorité des médias ont rendu compte dans leurs éditions d'hier. Ils ont, en outre motivé l'option du boycott par «l'ostracisme qui frappe la vie politique et l'échec avéré des institutions, dont le Parlement, qui fonctionnent sans prérogatives, mais au service du pouvoir en place». M. Tabou renchérira : «Le choix du FFS s'appuie sur deux arguments essentiels. Le premier est que toutes les élections, y compris celles de toutes les organisations, notamment les syndicats, bâtonnat, clubs sportifs, fédérations, sont falsifiées» et le second découle du boycott massif des Algériens, désintéressés de «ceux qui veulent se tailler une place à l'intérieur de l'impasse dans laquelle se trouve la pays». M. Laskri affirmera, pour sa part, que «le FFS ne se contentera pas de boycotter les législatives mais remettra en cause la messe électorale en faisant campagne contre des élections tenues dans ces conditions». La crédibilité de cette troisième consultation pluraliste de l'histoire de l'Algérie indépendante se trouve ainsi écornée avant même qu'elle n'ait eu lieu. L'Algérie qui recommence à s'enfoncer dans la tourmente de la violence avait pourtant besoin que ces élections soient transparentes et crédibles. La raison : réinstaurer la démocratie pour en user comme bouclier contre des dérives islamistes, dont les méfaits sont de plus en plus meurtriers. A moins d'un miracle, il n'en sera peut-être rien.