Le cours international d'ophtalmologie a démarré le 5 mars à Rabat. 29 candidats apprennent, durant un mois, à changer leur perception des choses. Une manière de voir et d'agir. Trois partenaires s'engagent à faire de l'ophtalmologie plus qu'une spécialité médicale, mais un programme communautaire où le social devient une composante de la prévention. Depuis le 5 mars à l'Institut national de l'administration sanitaire (INAS), le ministère de la Santé, l'Organisation pour la prévention de la cécité (OPC) et la Fondation Lions clubs international, par le biais de son programme «Sight First», joignent leurs efforts pour éclairer la lanterne de 29 hommes et femmes venus de 17 pays francophones. Une formation qu'on pourrait qualifier de stratégique, puisqu'elle devra permettre aux bénéficiaires de maîtriser l'organisation et la gestion des soins oculaires au niveau communautaire. «Pour que l'ophtalmologie s'ouvre sur la communauté et ne soit pas axée sur l'individu, il faut des outils complémentaires comme la bio statistique», explique le Dr André-Dominique Negrel, directeur exécutif de l'OPC. Priorité donc aux «outils», car c'est essentiellement autour de cela que s'articule cette formation qui devra se poursuivre jusqu'au 6 avril. Programme chargé: de 8h à 18h, les candidats et les encadrants sont au labeur. «La priorité, pour nous, est que les candidats puissent mettre en place dans leur pays des programmes communautaires de lutte contre la cécité», souligne le Dr. Negrel. Pour ce second cours international d'ophtalmologie, qu'accueille le Maroc, d'autres modules de formation, telle que l'informatique médicale, se sont ajoutés au programme. Normal : depuis le premier cours, qui s'est déroulé en 2004, les partenaires ont veillé à l'amélioration et à l'enrichissement du menu. «Nous nous y sommes préparés tout au long d'une année. Nous avons lancé des appels d'offres dans les différents pays francophones pour la sélection des candidats selon leur pertinence et leur compétence», déclare le Pr Jamal Taoufik qui se charge de l'organisation de ce cours au sein de la fondation Lions clubs international. A vocation humanitaire, cette fondation apporte, une fois de plus, son aide financière à la réalisation du cours d'ophtalmologie : trois millions de dirhams. Au-delà d'être un simple bailleur de fonds, Lions clubs international s'attaque, depuis les années 30 aux causes de la cécité à travers le monde. «Sur les 50 millions de personnes qui en souffrent, notre action est parvenue à éviter la cécité de 30 à 40%», indique le PrTaoufik. Pour le Maroc, la cécité est, en effet, l'une des priorités de la santé publique, puisqu'elle fait l'objet d'une stratégie de lutte depuis 1992. Les bons résultats récolés ont valu au Royaume de s'imposer en tant que pionnier en la matière. «Le choix du Maroc pour ce cours d'ophtalmologie n'est pas anodin. Son expérience sert de modèle aux pays qui souffre de cécité», affirme le coordinateur de ce cours, au niveau du ministère de la Santé, Dr. Jaouad Hammou. Ce dernier, qui a été l'un des bénéficiaires du premier cours d'ophtalmologie, en parle avec enthousiasme. C'est lui, aujourd'hui, qui dirige une équipe très dynamique dont l'objectif est de bien préparer et assurer le déroulement de ce projet. «Le ministère de la Santé apporte la logistique, la mobilité, l'encadrement, ainsi que le lieu où se déroule la formation», précise le coordonnateur. D'ici la fin de la formation, les candidats seront conviés à effectuer une visite de terrain les 3, 4 et 5 avril. «Ils visiteront les trois structures de la santé publique : primaire, au centre de santé de Kénitra, secondaire, au centre de diagnostic et à l'hôpital de la même ville, et tertiaire, au CHU Ibn Sina de Rabat. A chaque étape, une table ronde sera organisée pour permettre un échange d'idées et d'expérience», précise Dr. Hammou. Une fois que les 29 candidats auront élargi leur façon de voir la lutte contre la cécité, le cours aura réussi son pari.