Saïd et Lahcen sont deux frères. Suite à une querelle, ce dernier n'a pas admis d'être admonesté par son cadet et l'a tué. Il a été traduit, lundi 5 février, devant le procureur du Roi près la Cour d'appel de Casablanca. Nous sommes au quartier Lalla Meryem, à Casablanca. Saïd y a vu le jour en 1978. Son aîné, Lahcen, était déjà à son sixième printemps. Les malentendus qui dégénéraient en dispute entre ses parents attiraient déjà son attention. Il se contentait de fondre en larmes en se tenant à côté de son frère, Saïd, qui venait d'avoir quelques mois. Des disputes presque quotidiennes sapaient les fondements de la relation conjugale entre les deux époux. Mais les multiples interventions des membres de leurs familles respectives empêchaient, néanmoins, qu'ils ne divorcent. La situation a ainsi duré neuf longues années. En 1987 était à son quatrième mois et Saïd était à son neuvième printemps. Il poursuivait ses études en deuxième année de l'enseignement fondamental. Au contraire, son aîné, Lahcen, qui est âgé de quinze ans a quitté définitivement les bancs de l'école. Sans aucun doute, les problèmes familiaux qui opposaient quotidiennement son père à sa mère avaient-ils causé son échec scolaire. Par miracle, il n'a pas été abordé par les toxicomanes, les clochards et les brigands de son quartier. A contrario, il avait commencé à gagner honnêtement sa vie et à supporter les accrochages de son père avec sa mère et leurs vociférations qui ne cessaient toujours pas. Jusqu'à ce jour de 1987 où ils ont divorcé. En principe, c'est leur mère qui devait prendre en charge les deux enfants. Et c'est le contraire qui s'est produit. Quand la mère a claqué la porte du foyer conjugal, les deux enfants sont restés avec leur père et leur grand-mère qui les aimait follement. Cette dernière s'occupait d'eux et en prenait soin. Et pourtant, elle n'a pas pu les empêcher de subir les effets néfastes de la séparation de leurs parents. Lahcen ne pouvait plus se concentrer sur ses études. Sa grand-mère a tenté de l'encourager à le faire. En vain. Il a fini par refuser de mettre les pieds à l'école. Depuis lors, Lahcen a commencé à ressembler à un clochard. Il passait la majorité de son temps dans la rue. Quand il rentrait chez lui, la nuit, son père l'injuriait, l'humiliait et le maltraitait. Malgré l'intervention de la grand-mère, le père n'a pas changé de comportement à l'endroit de son fils. Amateur de boissons alcooliques et de filles de joie qu'il amenait chez lui, c'était un père indigne. Certes, Saïd est arrivé à s'habituer à cette vie d'enfer. Son frère , au contraire, a sombré dans l'alcool et la drogue. Bref, il est devenu insupportable aussi bien chez lui que dans son quartier. Jeudi 1er février 2007, Lahcen était sous l'effet de la drogue. En pleine rue, il insultait tous ceux qui passaient près de lui, les menaçant de ses foudres vengeresses et de la lame acérée de son couteau. Soudain, un jeune voisin du quartier lui a demandé de cesser ses gesticulations. Lahcen l'a insulté. Le jeune s'est jeté sur lui mais le couteau de Lahcen était plus rapide que son coup de poing. Grièvement blessé, le jeune homme a été évacué vers les Urgences de l'hôpital de Sidi Othmane. Saïd est alors sorti de la maison et a commencé à blâmer son frère. Après que Lahcen ait cuvé son vin, il a reproché à son frère de l'avoir publiquement humilié. Saïd l'a poussé hors de la maison et a verrouillé la porte. Tôt le matin, il a frappé à la porte. Sa grand-mère lui a ouvert. Il lui a dit qu'il voulait du café au lait au petit déjeuner. Elle est sortie pour acheter le lait. Mais le regard mauvais de son petit-fils, Lahcen, lui a mis la puce à l'oreille. Elle est donc vite retournée à la maison où elle n'a pu empêcher l'irréparable. Profitant du sommeil de son frère, Lahcen l'a criblé de plusieurs coups de couteau mortels et a disparu. Alertés, les éléments de la PJ du district de Ben Msik-Sidi Othmane se sont dépêchés sur les lieux. Le lendemain, vendredi 2 février, le meurtrier a été arrêté. Il a été traduit, lundi 5 février, devant le procureur du Roi près la Cour d'appel de Casablanca.