Rabat, Marrakech et Agadir ont réveillonné sans restriction alors que les opérateurs de Casablanca se sont vu interdire de servir de l'alcool aux musulmans. D'une manière générale, le réveillon a souffert dans sa confrontation inédite avec le mouton de l'Aïd. Au lendemain du réveillon du 31 décembre 2006, l'hymne n'était pas à la joie chez les hôteliers et les restaurateurs. La faute incombe à l'Aïd Al Adha, intervenu exceptionnellement en même temps que la Saint Sylvestre. L'interdiction ou non de l'alcool n'étant pas assez claire, beaucoup d'établissements ont tiré le bouchon à la tête du client. Ainsi, à la Tour Hassan de Rabat, l'on affirme sans ambages que ce fut «un excellent réveillon côté chiffre d'affaires ». Plus de 200 personnes ont célébré l'arrivée du Nouvel An dans cet hôtel pour un couvert à 1.300 dirhams. A quelques encablures de là, le restaurant Ménora (une clientèle à 80% d'Européens) a gardé les stores baissées. De son côté, le restaurant night-club L'Etoile sis à l'hôtel Idou Anfa affichait en gras l'interdiction de servir de l'alcool. Ce qui, selon les responsables de l'établissement, n'a pas découragé les 70 clients (maximum), présents ce soir-là pour un couvert vendu à 600 dirhams. Il faut dire que la plupart des établissements, hôtels et restaurants, ont annulé leurs soirées suite aux instructions de la wilaya interdisant de servir l'alcool aux Marocains musulmans. Un établissement comme le Royal Mansour n'a pas marqué le passage du Nouvel An, faute d'alcool. Même explication donnée chez les voisins d'en face, à l'hôtel Toubkal : «plus de 90% de nos clients pour le réveillon sont marocains», explique Driss Bissit, directeur général de cet hôtel, qui n'a, par conséquent, rien organisé de particulier. Par contre, à Rabat, Marrakech et Agadir, il n'y avait pas d'interdiction particulière. Mais d'un établissement à l'autre, la règle était différente. Si dans la ville ocre, le Jacaranda n'a pas présenté de menu réveillon (une première depuis 20 ans), au Yacout, restaurant marocain dont la clientèle est étrangère, l'alcool était servi. Idem pour la plupart des hôtels clubs. Les clients de luxe de l'hôtel La Mamounia étaient partagés entre l'hôtel Saâdi et le Sofitel. La désaffection de la clientèle pour le réveillon ne s'explique pas uniquement par l'interdiction de servir des boissons alcoolisées. Le cafouillage relatif aux vacances scolaires, prolongées in-extrémis de 5 à 10 jours, est également mis en avant par les professionnels. Résultat : tout le monde se plaint de l'absence de la clientèle marocaine. C'est le cas du Pacha : «nous n'avons organisé rien de particulier. La clientèle marocaine nous a fait défaut alors que nos services de réservations ont enregistré un rush des touristes étrangers durant les deux derniers jours», affirme un responsable de cet établissement où la Saint Sylvestre est restée assez sobre. A 250 kilomètres de Marrakech, on célébrait aussi le réveillon. Agadir qui affichait des menus de 150 à 200 euros semble s'en être mieux sorti, aucune interdiction particulière n'ayant été émise par rapport à la dive bouteille. Heureusement qu'il se passera quelques bonnes décades avant que l'Aïd et le réveillon ne tombent le même jour.