Le président du Mouvement de la société pour la paix, Aboudjerra Soltani, a provoqué un tollé en Algérie. Il a affirmé détenir des preuves sur la corruption de hauts responsables. Il vient de faire marche arrière. En Algérie, la corruption demeure l'un des sujets les plus sensibles et les plus délicats. Aboudjerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a récemment jeté un véritable pavé dans la mare en affirmant « détenir des vérités, des dossiers de corruption impliquant de hauts fonctionnaires de l'Etat ». Mais au bout de quelques jours seulement, il a fini par faire une véritable volte-face en déclarant que ce n'est pas à lui d'agir, en précisant qu'il n'est pas un détective privé. «Je ne suis pas non plus un détective privé. L'Etat a le pouvoir de mener la bataille juridique contre la corruption», a-t-il lancé à l'occasion du quatrième colloque national des cadres de son parti. Il a aussi ajouté que «la lutte contre la corruption est l'apanage des institutions spécialisées de l'Etat» et que son rôle à lui est «de la dénoncer, comme c'est aussi le rôle de la société civile». «En tout cas, c'est une question qui sera étudiée tôt ou tard ; à savoir lors d'une réunion extraordinaire ou de la prochaine réunion du Conseil consultatif prévue en février prochain», a-t-il poursuivi. Depuis qu'il a annoncé être en possession de dossiers accablants pour plusieurs hauts responsables, l'affaire n'a pas cessé de prendre de l'ampleur. Surtout qu'il a déclaré être en contact avec des instances judiciaires. Il a même donné des chiffres à la chaîne qatarie Al-Jazeera. Aboudjerra Soltani détenait-il réellement des dossiers impliquant des personnalités de la scène politique en Algérie ? Le président du MSP aurait-il subi des pressions pour ne pas en faire état ? Ou bien s'agissait-il d'un simple bluff pour donner un coup de pouce à son parti, connu pour ses positions islamistes, avant les échéances de 2007 ? Aucune de ces thèses n'a été écartée par la presse algérienne. Une chose est sûre, la corruption est promise a un bel avenir en Algérie. Au début de l'année 2006, les députés du Front de libération nationale (FLN) et du MSP avaient rejeté un article d'un projet de loi relative à la lutte contre la corruption qui oblige les parlementaires à déclarer leur patrimoine. L'article rejeté à l'époque prévoyait en cas de non-déclaration des biens et fortune, la levée de l'immunité pour les élus et la suspension des cadres supérieurs de l'Etat. Et il stipule que la déclaration du patrimoine est obligatoire et doit se faire dans les délais fixés par la loi. Ce rejet a été perçu comme un refus de la part des députés de se soumettre au contrôle en échappant à l'obligation d'une déclaration sincère de leurs biens et de l'origine de leur fortune. Après la corruption, le MSP s'attaque aux boissons alcoolisées Le Mouvement de la société et la paix (MSP), veut interdire les boissons alcoolisées, avait affirmé en début de semaine son président. «Notre groupe parlementaire va déposer courant de la semaine prochaine une proposition de loi visant l'interdiction d'importation et la production de boissons alcoolisées», a-t-il déclaré à la radio nationale en espérant « trouver un appui auprès d'autres formations politiques dans le parlement ». Pour M. Soltani, la démarche des députés de son parti répond à une demande de «la base militante qui inquiète par l'ampleur que prend le phénomène de la consommation d'alcool dans notre société, menacée dans son intégrité morale et dans sa cohésion sociale».