Le président algérien Bouteflika a répondu samedi aux accusations lancées par le ministre sans portefeuille, Abou Djara Soltani, sur la corruption de hauts responsables algériens. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a répondu, samedi dernier lors de l'allocution d'ouverture de la réunion entre le gouvernement et les walis au Palais des nations, aux accusations lancées par le ministre sans portefeuille et chef du Mouvement de la société pour la paix, Abou Djara Soltani sur la corruption de hauts fonctionnaires de l'Etat. Profitant de la commémoration de la Journée internationale sur la corruption, qui coïncide avec le 9 décembre, le président algérien s'est adressé au ministre islamiste sans pour autant le nommer. «Toute personne ayant des dossiers ou des preuves, se doit impérativement et promptement de saisir la Justice sans autorisation préalable de qui que ce soit. Ceci sans tomber dans la délation, les règlements de compte indignes… », a déclaré le président Bouteflika dans un long discours prononcé au cours de cette rencontre. La semaine dernière, le chef du parti islamiste avait affirmé au cours d'une conférence de presse «détenir des vérités, des dossiers de corruption impliquant de hauts fonctionnaires de l'Etat». Par ailleurs, Soltani est allé jusqu'à avancer des chiffres sur la corruption à la chaîne Al Jazeera. Initiative qui, en pleine pré-campagne électorale, a soulevé un tollé médiatique sans précédent dans les sphères d'un pouvoir peu enclin à parler de façon aussi précise de la corruption. Membre de la coalition présidentielle, Soltani avait par la suite effectué une volte-face, déclarant que ce n'est pas à lui de jouer au détective privé. «Je ne suis pas non plus un détective privé. L'Etat a le pouvoir de mener la bataille juridique contre la corruption», a-t-il lancé à l'occasion du quatrième colloque national des cadres de son parti. Il a également ajouté que «la lutte contre la corruption est l'apanage des institutions spécialisées de l'Etat » et que son rôle à lui est « de la dénoncer, comme c'est aussi le rôle de la société civile». «En tout cas, c'est une question qui sera étudiée tôt ou tard; à savoir lors d'une réunion extraordinaire ou de la prochaine réunion du Conseil consultatif prévue en février prochain», a-t-il poursuivi. Visiblement les vœux de Soltani vont être exaucés plus tôt que prévu. Le chef de l'Etat a promis de donner «des instructions à la justice pour que tout responsable prétendant détenir des dossiers apporte des preuves ou, alors, il sera lui-même poursuivi en justice». Déclaration qui montre une menace non voilée de la part d'un Bouteflika qui se dit excédé par les aspirations personnelles et partisanes. «Chacun est responsable. Si ce n'est pas vrai, il sera poursuivi. Les aspirations personnelles ou partisanes ne se construisent pas sur le dos du pays que ce soit clair pour tous. Nous avons déjà supporté beaucoup», a-t-il menacé. Interrogé à la fin de la deuxième rencontre gouvernenment-walis, le président du MSP, s'est abstenu de tout commentaire. La sortie médiatique de Soltani sur la corruption pourrait bien être le déclic pour le grand déballage, si toutefois celui-ci présente ses preuves.