Treize ans après, l'assassinat de Benaïssa Aït El Jid, l'arrestation d'un militant d'Al Adl Wal Ihssane embarasse les adeptes de Abdeslam Yassine. Le 11 décembre, le juge d'instruction près la Cour d'appel de Fès entamera l'interrogatoire de Omar Mohib, membre d'Al Adl Wal Ihssane, présenté comme le suspect principal de l'assassinat de Benaïssa Aït El Jid, ex-responsable du courant baâsiste à l'Université Mohammed Benabdellah de Fès, en 1993. C'est ce que rapporte le comité de suivi de cette affaire mis en place après l'arrestation de Omar Mohib vers la fin du mois de septembre dernier. Pour la section du PSU (Parti socialiste unifié) à Fès, il importe de jeter la lumière sur cet assassinat dont le ou les auteurs étaient en cavale depuis leur forfait. L'AMDH (Association marocaine des droits de l'Homme) s'était, d'ailleurs, constituée partie civile dans cette affaire et avait demandé que la procédure judiciaire soit menée jusqu'au bout afin d'élucider les conditions de cet assassinat. Pour leur part, les responsables d'Al Adl Wal Ihssane démentent l'implication des leurs dans l'assassinat de Benaïssa Aït El Jid. Ils affirment que l'ouverture d'une procédure judiciaire contre Omar Mohib n'est qu'une autre manifestation de « l'acharnement du Makhzen » contre la Jamaâ. Surtout que le principal accusé fait partie des éléments les plus actifs de Al Adl dans la capitale spirituelle du Royaume et qu'il est marié à une militante de la mouvance, avocate au barreau de Fès. Al Adl est surtout embarrassée par l'apparition d'un témoin qui affirme avoir assisté au meurtre de Aït El Jid, le 25 février 1993. Ce jour-là, dans l'un des quartiers jouxtant l'Université Mohammed Benabdellah, plusieurs personnes, armées, avaient arrêté le taxi qui transportait Benaïssa Aït El Jid. Ce dernier avait été extrait de force du véhicule puis sauvagement battu et laissé pour mort dans la rue. Plusieurs jours de coma plus tard, Benaïssa rendra l'âme aux urgences de l'hôpital Ghissassi, les médecins n'ayant rien pu faire. Dès le début, les étudiants adlistes avaient été montrés du doigt, surtout qu'ils avaient, durant cette même période, multiplié les raids contre les étudiants gauchistes à l'Université de Fès et visaient notamment Aït El Jid qui, après sa sortie de prison, avait pris la place laissée vacante par l'incarcération de Norddine Jarir. Une année plus tard, c'est Maâti Boumli qui avait été assassiné à Oujda par un groupe d'étudiants d'Al Adl Wal Ihssane, après avoir été longuement supplicié. Douze d'entre eux avaient été condamnés. Ils sont toujours en prison où ils revendiquent le statut de prisonniers politiques et multiplient les grèves de la faim. D'ailleurs, une conférence sera organisée à Fès, le 16 décembre 2006, pour sensibiliser et mobiliser autour de cette affaire.