Les amis de Benaïssa Aït El Jid, l'étudiant gauchiste assassiné à Fès, demandent à ce que lumière soit faite sur l'affaire. Ils veulent que soit définie la responsabilité de tous les courants islamistes présents à l'université de Fès au moment des faits. Près de 200 personnes, amis de l'étudiant gauchiste Benaïssa Aït El Jid, s'étaient donné rendez-vous, samedi dernier, autour de la tombe de ce dernier à Tizgui Ida Oubaloul, dans la région de Tata. Les amis de l'étudiant assassiné à Fès, en 1993, ont appelé, lors de cette cérémonie à faire la lumière sur toute l'affaire, sur les conditions de l'assassinat d'Aït El Jid et à poursuivre toutes les personnes ayant été responsables, de près ou de loin, de l'acte qui lui a coûté la vie. Pour un des membres du comité de suivi ayant fait le déplacement à Tizgui Ida Oubaloul, la responsabilité de tous les courants islamistes présents à l'époque à l'université de Fès est établie et il est du devoir de la justice de sonder toutes les pistes pour que la vérité éclate au grand jour. Il cite notamment le courant qui allait prendre, par la suite, le nom de l'«Organisation du renouveau estudiantin marocain» (OREMA), une organisation parallèle du PJD. Ce courant, actif à l'époque à l'université Mohammed Ben Abdellah était dénommé "Fassil Al Wahda Wa Tawassoul" (courant Unité et communication) et était dirigé par Abdelali Hamiyeddine, l'un des actuels responsables de la jeunesse du parti de Saâd Eddine El Othmani. Des témoins des faits disent que des membres de ce courant étaient présents lors des discussions et débats houleux qui avaient précédé, dans l'enceinte de la faculté de droit, l'agression de Benaïssa Aït El Jid dont le nombre des assaillants dépassait la cinquantaine. Ces derniers auraient arrêté le véhicule qui transportait Benaïssa Aït El Jid en compagnie d'un autre étudiant, Heddioui Khemmar. Les deux en ont été extirpés avant d'être sauvagement agressés en cette après-midi du 25 février 1993. Le défunt Aït El Jid, gravement atteint au crâne, rendra l'âme, le 1er mars à l'hôpital El Ghassani, alors que Heddioui Khemmar, de peur d'être arrêté par la police, s'était éclipsé. Treize ans après les faits, la justice a décidé d'ouvrir ce dossier de nouveau après l'arrestation de Omar Mouhib, étudiant à l'époque à la faculté des sciences de la même université et membre d'Al Adl Wal Ihssane. Ce dernier a été auditionné par un juge d'instruction à maintes reprises et est toujours incarcéré à Fès. Le même magistrat a également interrogé Heddioui Khemmar, mais aussi le chauffeur du taxi qui transportait les deux étudiants. «Nous sommes ici pour dire non à l'impunité. Il y a un crime et une victime et nous voulons que les responsables soient poursuivis dans le cadre d'un procès équitable», a affirmé Abdelhamid Amine, président de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) dont Benaïssa Aït El Jid était également militant. Al Adl Wal Ihssane avait réagi à l'arrestation, en octobre 2006, de Omar Mouhib en mettant l'interpellation de ce dernier sur le compte de la "campagne" des autorités contre les activités et les membres de la Jamaâ. Omar Mouhib, converti au commerce des livres, était marié et vivait en toute liberté dans la capitale spirituelle.