Le mystère entourant la mort de l'ancien espion russe, Alexandre Litvinenko, s'épaissit après l'hospitalisation de son contact, lui aussi contaminé par un produit radioactif. Empoisonnement, substances radioactives, trafics de matériaux nucléaires…, l'«affaire Litvinenko» contient tous les ingrédients d'un roman d'espionnage avec des relents de «guerre froide». Le mystère entourant la mort de l'ancien espion russe, Alexandre Litvinenko, s'épaissit après l'hospitalisation de l'Italien Mario Scaramella, contact de l'ex-agent russe lui aussi contaminé au polonium. La presse britannique a lancé samedi un nouveau pavé dans la mare. "The Daily Telegraph" a publié dans ses colonnes des extraits d'un document, présenté comme le mémo remis par l'Italien Mario Scaramella à Alexandre Litvinenko lors de leur rencontre du 1er novembre à Londres. Le document du "Daily Telegraph" accuse les services secrets russes et un groupe de vétérans baptisé «Dignité et Honneur», dirigé par un colonel russe, Valentin Velichko, d'avoir voulu tuer plusieurs personnes considérées comme nuisibles aux intérêts russes. Sur cette liste de cibles, évoquée par Scaramella à Rome il y a une dizaine de jours, figurent l'homme d'affaires russe Boris Berezovski, adversaire du président Vladimir Poutine installé à Londres, son «compagnon d'armes» Alexandre Litvinenko et Scaramella lui-même. La liste comprend aussi le nom du sénateur italien Paolo Guzzanti, président de la commission Mitrokhine enquêtant sur les activités du KGB en Italie pendant la Guerre froide. Une universitaire russe, Julia Svietlichnaia, a par ailleurs affirmé dimanche dans le journal britannique "The Observer" qu' Alexandre Litvinenko envisageait de faire chanter des responsables des services de sécurité ainsi que des hommes d'affaires russes. Selon "The Observer", Litvinenko était entré en contact au début de cette année avec l'universitaire à Westminster et lui avait proposé de faire des affaires avec elle et de «gagner de l'argent». «Il m'a dit qu'il allait faire chanter des tas de personnages puissants, incluant des oligarques et des officiels corrompus au Kremlin», aurait affirmé Julia Svietlichnaia, citée par The Observer. «Il a fait état d'une somme de 10.000 livres (14.800 euros, 19.700 dollars) chaque fois qu'il consentirait à stopper la divulgation de documents provenant du FSB (successeur du KGB). Litvinenko était à court d'argent et était absolument sûr qu'il pouvait obtenir n'importe quel dossier», a ajouté l'universitaire russe. L'accès à de tels documents aurait fait de Litvinenko l'ennemi du Kremlin et des milieux d'affaires russes, affirme "The Observer". La Russie avait, pour sa part, réaffirmé samedi que ses services spéciaux n'avaient aucune raison de tuer M. Litvinenko, après la publication par "The Daily Telegraph" du document accusateur. Des produits radioactifs sortis illégalement de Russie ? Litvinenko et Scaramella s'étaient rencontrés le 1er novembre dans un restaurant japonais de Piccadilly, dans le centre de Londres ; le soir même, l'ex-agent russe commençait à se sentir mal. L'Italien se trouve toujours à Londres pour être entendu par la police et être testé pour détecter une éventuelle radioactivité, Litvinenko ayant été empoisonné avec du polonium 210 (matière hautement radioactive). Scaramella, lui, a déclaré dans un entretien au quotidien "The Independent" réalisé il y a plusieurs jours que Litvinenko avait fait sortir clandestinement de Russie des matières radioactives lorsqu'il appartenait encore au FSB. Le journal britannique, citant Scaramella, écrit que Litvinenko lui aurait confié avoir organisé le transport clandestin de tels produits en 2000 vers la ville suisse de Zurich.