Connu pour ses positions anti-syriennes, le ministre de l'industrie, Pierre Gemayel, a été assassiné mardi 21 novembre dans la banlieue nord de Sin El Fil à Beyrouth. Le pays du Cèdre sous le choc. Le ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, connu pour ses positions anti-syriennes a été assassiné mardi 21 novembre dans la banlieue nord de Sin El Fil à Beyrouth. Fils de l'ex-président libanais, Amine Gemayel, il était le plus jeune ministre du gouvernement Siniora. La famille Gemayel a beaucoup marqué la scène politique libanaise depuis le milieu du siècle dernier. D'ailleurs, Pierre Gemayel, grand-père de la victime, n'est autre que le fondateur du parti Kataëb (Phalanges) ; une grande figure de la communauté chrétienne maronite. Pierre Gemayel a été réélu lors des élections de 2005 qui ont eu lieu après le départ de l'armée syrienne. Dès l'annonce de son assassinat la population libanaise s'est rassemblée dans la rue. Des centaines de personnes ont scandé des slogans contre la Syrie, le président pro-syrien Emile Lahoud et le chef de l'opposition, Michel Aoun, allié du Hezbollah. «Michel Aoun, tu es l'allié des meurtriers», «Nasrallah, va-t-en en Iran», criait la foule. Alors que les télévisions locales ont interrompu leurs émissions pour diffuser de la musique classique. Amine Gemayel, père de la victime et le chef druze, Walid Joumblatt ont appelé les Libanais au calme. «Je vous demande de rester calme, nous ne devons pas faire le jeu des comploteurs, nous ne demanderons pas la vengeance», a déclaré le père du défunt. La Syrie a été immédiatement pointée du doigt par la majorité anti-Syrienne. «Nous pensons que la main de la Syrie est derrière tout cela», a déclaré Saad Hariri, chef de file des anti-syriens. L'assassinat de Pierre Gemayel survient à une période où le Liban traverse une crise politique marquée par un bras de fer entre le Hezbollah et le gouvernement libanais. Ce meurtre risque de renforcer la position des anti-Syriens. Selon les analystes, ces derniers, se préparent à transformer les obsèques de Pierre Gemayel en démonstration de soutien au gouvernement du Premier ministre, Fouad Siniora. Actuellement, le cabinet libanais est dans une mauvaise passe après la démission de six ministres, dont cinq du Hezbollah, en raison de l'échec des discussions sur l'octroi d'un pouvoir de blocage au sein du gouvernement à la minorité pro-syrienne. Minorité que les anti-syriens accusent de vouloir empêcher la création d'un tribunal spécial chargé de juger les assassins présumés de Rafic Hariri. Lequel tribunal a été avalisé mercredi par le Conseil de sécurité. Dans la crainte d'éventuels affrontements entre anti-syriens et pro-syriens, l'armée s'est déployée en force mardi soir à Beyrouth pour contenir la situation. La mort du ministre de l'Industrie a provoqué de nombreuses réactions sur le plan international. Les grandes capitales ont unanimement condamné cet «acte de terrorisme» et imputé à Damas la responsabilité. Nicholas Burns, du département d'Etat, y voit «un acte d'intimidation contre la coalition du 14 Mars» qui a forcé la Syrie, en 2005, à se retirer du Liban. Margaret Beckett, ministre des affaires étrangères britannique s'est dit «consternée» par cet assassinat et a souligné que «le rôle négatif de la Syrie au Liban n'est pas quelque chose de nouveau ou de top secret». Quant à Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, il a dénoncé une nouvelle «tentative de déstabilisation» du Liban. Et Rice a exprimé le soutien total des Etats-Unis au gouvernement Siniora. Jacques Chirac salue la création du tribunal international Jacques Chirac a salué mercredi le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies à la création du Tribunal international chargé de juger les auteurs d'assassinats au Liban, a rapporté le porte-parole du gouvernement français Jean-François Copé. Cette décision «marque la détermination de la communauté internationale à poursuivre et à juger les coupables de ces actes terroristes et à appuyer le gouvernement libanais dans l'affirmation d'un Liban pleinement démocratique, indépendant et souverain», a estimé le président français lors du Conseil des ministres. Jacques Chirac a réitéré «la condamnation très ferme et l'indignation de la France après l'assassinat odieux de Pierre Gemayel».