Dans un entretien accordé au «Figaro», Ali Belhaj, ancien n°2 du FIS, a averti la France qu'elle risquerait d'être frappée si elle continuait à cautionner le régime algérien. L'ex-n°2 du Front islamique du salut (FIS, dissous), Ali Belhaj, s'est de nouveau lancé dans une attaque frontale contre le régime algérien en lançant un avertissement à la France. Dans un entretien accordé au «Figaro», l'ancien imam a affirmé qui si le gouvernement français continuait à soutenir le régime algérien, il risquerait de voir son territoire menacé par des attaques de groupes terroristes algériens. «Les problèmes du pays sont liés aux détournements de fonds opérés grâce aux contrats signés dans l'opacité par un gouvernement illégitime avec les compagnies occidentales. En s'alliant au régime, les Occidentaux ont leur part de responsabilité dans la crise ; en particulier la France, et que leurs intérêts ne sont pas garantis. Est-ce cela la réconciliation ?…», a-t-il martelé. Interdit par le gouvernement algérien de faire de la politique ou encore de parler à la presse, Ali Belhaj, qui avait retrouvé sa liberté en 2003 après douze ans d'emprisonnement, a estimé que ses droits civils sont bafoués. Il a rejeté, une fois encore, la fameuse charte de la paix et la réconciliation : «il ne peut y avoir de référendum dont la finalité est d'empêcher des individus d'exercer leurs droits de citoyens», a-t-il remarqué. Il a ajouté que : «la charte avait pour objectif de nous interdire d'avoir une activité politique, alors que les militaires continuent à diriger en sous-main le pays». Les propos d'Ali Belhadj interviennent quelques jours après la publication par le journal «Achourouq» de déclarations de Rabah Kébir, ancien dirigeant de l'instance exécutive du FIS, qui vont le même sens. Ce dernier avait affirmé que «l'Algérie ne peut pas être construite par des mots d'ordre d'exclusion». «La scène politique demeure toujours fermée», a-t-il ajouté en soulignant son intention de «continuer à s'investir dans l'action politique». Le Premier ministre, Abdelaziz Belkhadem, avait vite réagi aux propos de Rabah Kébir en réitérant l'opposition des autorités algériennes à une réhabilitation politique des dirigeants islamistes «impliqués dans des affaires de terrorisme». M. Belkhadem a invoqué les dispositions de la charte de réconciliation nationale adoptée par référendum le 29 septembre 2005, pour justifier l'interdiction de toute activité politique aux personnes ayant bénéficié des mesures de réconciliation nationale. Nombre de dirigeants de l'ex-Fis en exil à l'étranger avaient émis des doutes quant à l'impact de «la charte de réconciliation nationale» en l'absence d'une réhabilitation des dirigeants mis en cause pour leur responsabilité dans la tragédie consécutive à l'interruption du processus électoral en 1992. Pour Ali Belhadj, «la question de fond est celle de la dictature et du non-respect des droits politiques, sociaux et culturels».