Ils sont de moins en moins nombreux à utiliser le Maroc comme voie de transit vers l'Europe. L'immigration illégale recule de 61%. Un bon score pour les autorités, mais une preuve pour les associations que le Maroc fait partie des adeptes de l'approche sécuritaire. L'approche sécuritaire a fini par apporter ses fruits. L'immigration clandestine n'est plus aussi virulente qu'il y a quelques mois au Maroc. Les chiffres sont là pour le prouver : 6.936 candidats étrangers interpellés de janvier à octobre 2006 contre 21.894, l'an dernier. Ce recul de 61% suscite un soulagement du côté des autorités. Mercredi à Las Palmas, lors d'une conférence policière euro-africaine sur l'immigration clandestine, le colonel Ahmed Lemkhir, attaché de la gendarmerie royale à l'ambassade du Maroc à Madrid, a affirmé que cette baisse concerne également les candidats de nationalité marocaine. Le taux du recul n'est pas aussi important que le premier (étrangers), puisqu'il n'est que de 20%. Le nombre d'immigrés clandestins marocains est de 5.466 au cours de cette année, alors qu'en 2005, il était de 7.914. La création de la Direction de la migration et de la surveillance des frontières et de l'Observatoire de la migration auquel s'ajoutent le durcissement de la législation et le renforcement de la coopération entre notre pays et l'Europe débouchent sur un système infaillible contre l'immigration clandestine. Mais si ce dernier s'avère efficace, les ONG, elles, dénoncent sa rigidité vis-à-vis du traitement de l'être humain. «L'Europe a délocalisé la gestion de ce problème dans d'autres pays, dont le Maroc, en misant sur les gros moyens. A présent, avec 70 millions d'euros, nous avons un contrôle des plus serrés au niveau des points d'entrée de l'Algérie et de la Mauritanie, des points de sortie vers l'Europe et tout au long des villes côtières», estime Hicham Rachidi, membre fondateur du Groupe anti-raciste de défense des étrangers et des migrants. Pour ce militant associatif, il est clair que l'approche humanitaire que prônaient les pays du Sud a laissé place à un système 100% sécuritaire. En matière de refoulement, M. Lemkhir a annoncé un total de 23.487 candidats à l'immigration clandestine étrangers rapatriés dans leurs pays d'origine depuis 2004. La majorité de ces derniers, soit 20.089, a été refoulée par voie terrestre. Ce responsable a précisé, d'une part, que 6.700 cas des retours ont été menés de manière volontaire par des vols entièrement à la charge du Maroc. Et d'autre part, il a souligné que c'est dans le cadre de la coopération Sud-Sud que se sont organisées les opérations de refoulement. Pas facile d'en convaincre les associations pour qui, déclare M. Rachidi : «le refoulement nuit aux intérêts vitaux, aux relations avec les pays d'où proviennent les immigrés clandestins et aux droits de l'Homme notamment à l'asile». Pour les ONG, la violence à l'égard des Subsahariens au grillage-frontière de Sebta et Mellilia en 2005 sert désormais de preuve tangible au non respect des droits des immigrés clandestins au Maroc. «Nous n'avons pas de gros moyens, mais nous essayons par le biais de manifeste et de sit-in de dénoncer cette approche sécuritaire qui resserre l'étau contre des hommes et des femmes à la quête d'une vie meilleure», insiste M. Rachidi. Au Forum social mondial, prévu du 20 au 25 janvier 2007 à Nairobi, ces associations seront présentes pour crier leur colère. Le Groupe anti-raciste de défense des étrangers et des migrants compte y mener un plaidoyer pour que les politiques sécuritaires soient arrêtées.