Un mois après l'annonce du départ en retraite de son P-DG Jean-Martin Folz, PSA Peugeot Citroën informe de la nomination à ce poste de Christian Streiff. Cet ex-P-DG d'Airbus prendra ses fonctions en février prochain. Ce sera finalement Christian Streiff qui devra succéder à Jean-Martin Folz en temps que P-dg de PSA Peugeot Citroën. C'est ce qu'a annoncé le groupe automobile français à travers un communiqué rendu officiel le 7 novembre, soit en ce début de semaine. Un document dans lequel il est précisé que la nomination de M. Streiff par le Conseil de surveillance de Peugeot SA (présidé par Thierry Peugeot), «interviendra lors du Conseil de surveillance du 6 février 2007». En attendant cette prise de fonction effective, le nouveau P-dg «rejoindra PSA Peugeot Citroën dès le 8 novembre et consacrera les prochains mois à rencontrer les équipes du Groupe et à prendre connaissance de l'entreprise», ajoute ledit communiqué. La désignation de Christian Streiff n'est presque pas une surprise. En effet, l'information le prévoyant comme futur successeur à M. Folz avait pris la forme d'une incessante rumeur ces derniers temps. Agé de 52 ans, Christian Streiff est ingénieur de formation, diplômé de l'Ecole des Mines de Paris. Il a effectué l'essentiel de sa carrière (1979-2005) dans le groupe Saint-Gobain. Avant de passer Directeur général délégué de ce groupe en 2004, il y avait surtout acquis une très large expérience industrielle et internationale dans des métiers différents, tant en Europe (Allemagne, Italie) qu'aux Etats–Unis, au Brésil ou en Chine. En juillet 2006, M. Streiff est nommé président du groupe Airbus. Mais avec les déboires qu'a connus le projet du gros porteur A380, Christian Streiff n'avait presque plus le choix que de démissionner au bout de 100 jours seulement. Et pour cause, il n'avait pas réussi à obtenir tous les pouvoirs qu'il exigeait pour la mise en œuvre du plan de redressement de l'avionneur européen. Du coup, son départ, à mi-chemin entre un licenciement indirect et une démission forcée, a été interprété par beaucoup comme un «premier fusible» qui saute dans la récente crise d'Airbus liée à l'échec commercial de l'A380. Pourtant, on dit que M. Streiff est réputé pour son sérieux et sa détermination dans les missions qu'il a jusqu'ici menées. Bientôt, il prendra les commandes de PSA, à un moment assez critique de ce groupe automobile qui reste pourtant le premier en France et le second à l'échelon européen (derrière Volkswagen). Il devra faire preuve d'une certaine perspicacité dans ses futures orientations stratégiques. Objectif : relancer les ventes du groupe sur le Vieux Continent et améliorer sa rentabilité. Car, comme beaucoup de constructeurs européens (et américains notamment), PSA doit faire face à la montée en force de la concurrence asiatique, mais aussi à la flambée des coûts des matières premières et notamment l'acier. A n'en pas douter l'action de M. Streiff s'inscrira –ne serait-ce que dans un premier temps- dans la continuité de son prédécesseur. A commencer par le dossier douloureux des suppressions d'emplois. En effet, juste avant le Mondial de l'Automobile et dans un contexte de stagnation du marché automobile européen, PSA avait annoncé plus de 10.000 suppressions de postes : environ 8.000 en France et quelque 2.300 licenciements en Grande-Bretagne, suite à la fermeture de l'usine de Peugeot à Ryton. Outre ces suppressions d'emplois, le dernier plan de relance présenté par Jean-Martin Folz prévoyait aussi des réductions de coûts d'investissements et de frais de recherche et développement. Parallèlement à cela, PSA table sur le lancement de nouveaux modèles. Dans un premier temps (printemps 2007), la marque Peugeot lancera le 4007, son premier 4x4 haut sur pattes, puis procèdera au remplacement de sa 607 par une ambitieuse grosse berline dérivée de son concept-car, 908 RC. Pour Citroën, les années à venir seront celles de la prospection de nouveaux marchés, comme ce pourrait être le cas du Canada. Pour le reste, la marque aux chevrons devra parachever son travail d'image en tant que constructeur généraliste de premier ordre, au passé glorieux, au palmarès sportif flatteur (triple champion du monde en WRC) et à l'esprit rajeuni par des modèles au look très original. D'ailleurs, le retour en force de Citroën durant ces dernières années est l'une des réussites à mettre sur le compte de M. Folz. On lui doit l'accomplissement avec succès des coopérations avec d'autres constructeurs comme Fiat (pour l'utilitaire), BMW et Ford pour les moteurs, Toyota pour les citadines triplettes (107, C1 et Aygo) et plus récemment Mitsubishi pour les véhicules 4X4. Bref, M. Folz aura fait beaucoup pour PSA depuis son arrivée dans la boîte en 1997. Une carrière d'une décennie, à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de ce groupe.