Au terme d'une campagne électorale marquée par la guerre en Irak, les électeurs ont clairement exprimé leur mécontentement à l'administration de George W. Bush en élisant une Chambre de représentants à majorité démocrate. Un revers pour l'administration George W. Bush. Au terme d'une campagne électorale marquée par la guerre en Irak, les citoyens américains ont clairement exprimé, mardi, leur mécontentement au gouvernement dirigé par le parti conservateur. Et pour la première fois depuis la «révolution républicaine » de 1994, les démocrates américains ont pris le pouvoir à la Chambre des représentants, lors des élections de mi-mandat qui se tenaient mardi. Le parti devait conquérir au moins 15 sièges pour renverser la majorité sortante. Selon les premières projections, il en aurait pris au moins 30, sur un total de 435 sièges. Le nouveau rapport de force serait de 227 sièges pour les démocrates contre 191 au « Grand Old Party » (républicain), qui perdrait 30 élus. La Maison-Blanche a reconnu cette défaite. «Nous pensons que les démocrates contrôleront la Chambre, et nous attendons de travailler avec leurs dirigeants sur les questions prioritaires», a déclaré son porte-parole Tony Snow. C'est la première fois que George W. Bush devra gouverner avec au moins une Chambre contrôlée par l'opposition. Les démocrates ont également remporté la bataille des 50 gouverneurs. Ils se sont emparés d'au moins six sièges détenus jusqu'à maintenant par les républicains (Colorado, Arkansas, Maryland, New York, Ohio, Massachusetts). C'est également la première fois depuis 1994 qu'ils obtiennent la majorité des sièges de gouverneurs. Ils ont en revanche perdu celle des mariages gays. Dans les sept Etats où un référendum sur cette question était organisé, le « non » l'a emporté. L'échec essuyé par le parti républicain est le résultat direct du fiasco américain en Irak. L'invasion de l'Irak entre dans le cadre de ce que le président américain appelle de « guerre contre le terrorisme ». Une « guerre » sur laquelle George W. Bush a bâti son « trône ». L'échec américain en Irak signifie en quelque sorte l'échec de la guerre contre le terrorisme. « Le message ne pouvait être plus clair : il est temps de prendre une nouvelle voie !», a d'ailleurs constaté Hillary Clinton, réélue aisément à son poste de sénatrice démocrate de l'Etat de New York et à qui l'on prête des ambitions présidentielles. Près de six électeurs sur dix ont déclaré désapprouver la conduite de cette guerre. Nancy Pelosi, qui devrait devenir la première femme de l'histoire à être élue présidente de la Chambre des représentants, a parlé d'une « grande victoire pour le peuple américain » et promis de faire pression pour «un changement de direction sur l'Irak». Mais les électeurs semblent avoir également sanctionné les sortants en raison des scandales qui ont éclaboussé le Grand Old Party - pas moins de quatre représentants républicains ont dû démissionner cette année. Ce vote-sanction justifie, a posteriori, l'autre angle d'attaque choisi par les démocrates contre la "culture de la corruption" à Washington. Fin de mandat difficile pour Bush L'échec du parti conservateur aux élections de mi-mandat compliquera la donne pour le président américain George W. Bush. Même si les démocrates ne remportaient pas la majorité au Sénat, ils remportent, avec la majorité à la Chambre, des outils pour infléchir la politique de l'administration Bush, qui doit rester en place jusqu'à la prochaine élection présidentielle, en 2008. La guerre en Irak devrait être l'objet d'une féroce bataille parlementaire. Les démocrates pourront lancer des commissions d'enquêtes sur sa conduite, et, en ultime recours, refuser de voter le renouvellement des crédits pour cette guerre. George W. Bush conserve de son côté une autre arme parlementaire : son droit de véto.