Inculpé par la justice, le chef des républicains à la Chambre des représentants démissionne "temporairement". Ce qui affaiblit davantage le président George W. Bush dont la cote de popularité ne cesse de chuter. Inculpé mercredi par le jury d'un tribunal du Texas pour conspiration visant à violer les lois de financement des partis politiques, le chef de la majorité républicaine au Congrès, Tom DeLay, a provisoirement démissionné de son poste au sein du parti majoritaire aux Etats-Unis. Proche du président George W. Bush, M.DeLay est accusé d'avoir participé à l'organisation d'un circuit financier entre le parti républicain au niveau national et certains candidats aux législatives du Texas de 2002. Une opération ayant permis la participation illégale de plusieurs sociétés à leurs frais de campagne, selon l'acte d'accusation. Les sommes en jeu atteignent 190.000 dollars. Le chef de la majorité républicaine, qui clame son innocence, est accusé de "complot pour violer le code électoral du Texas". Ce délit est passible de six mois à deux ans de prison et d'une amende pouvant atteindre 10.000 dollars, d'après un communiqué des services du procureur Ronnie Earle, chargé de l'enquête. Gardant son siège de simple élu à la Chambre, M.Delay a affiché son volontarisme, dressant une liste impressionnante des projets que le parti républicain du président Bush entend mener à bien, d'une réforme fiscale à une réforme de la politique d'immigration, en passant par une réforme des retraites. Surnommé "le marteau", M. DeLay était connu pour piloter la majorité républicaine d'une main de fer et épouser étroitement la ligne de la droite religieuse, jusqu'à son inculpation. Ancien dirigeant d'une société d'extermination de rats et autres animaux nuisibles, M. DeLay a grimpé un à un les échelons de l'establishment politique, jusqu'à se rendre indispensable au parti républicain de George W. Bush, alignant les victoires électorales et faisant régner une discipline de fer. S'ajoutant aux critiques persistantes sur la gestion du cyclone «Katrina» et à des doutes croissants sur la guerre en Irak, l'inculpation de Tom Delay pour conspiration dans un montage financier électoral affaiblit encore le président George W. Bush, à moins d'un an après sa réélection. Au plus bas dans les sondages, Bush perd en la personne de Tom DeLay sa courroie de transmission de prédilection avec le Congrès, à un moment où le programme politique de son deuxième mandat est déjà mal engagé. Et, à plus long terme, l'inculpation de M.DeLay dans une affaire de financement électoral est de mauvais augure pour les élections législatives de novembre 2006, estiment les experts. «Pour faire passer son programme, (le président Bush) a besoin d'une direction forte chez les républicains, et clairement, (l'inculpation de M. DeLay) fait du mal», analyse le politologue Larry Sabato, professeur à l'Université de Virginie. Le président Bush, qui ne pourra pas briguer de nouveau mandat en 2008, ne dispose plus de beaucoup de temps pour inverser la vapeur, avait noté lundi Eric Davis, professeur à l'Université de Middlebury (Vermont, nord-est). L'opposition démocrate a immédiatement cherché à tirer parti de l'affaire DeLay. «Nous devons absolument mettre les démocrates en position majoritaire pour mettre fin à cette corruption une fois pour toutes», proclamait dès mercredi un courrier aux militants. «Cette inculpation va renforcer la perception de l'opinion selon laquelle ce Congrès est corrompu, je crois que cela peut avoir un impact sur les élections de l'an prochain», juge Ellen Miller, responsable d'un Centre de recherches progressiste, Campaign for America's future.