Le fiasco américain en Irak est au cœur des débats aux Etats-Unis à quinze jours des législatives de mi-mandat. Une carte pour les démocrates et un risque de revers pour le président Bush. En Irak, le mois de Ramadan s'est achevé comme il avait commencé; dans le sang. Le pays, divisé en petits morceaux, a connu une fête de l'Aïd El Fitr morose marquée par des attentats sanglants. Ce mois sacré a été le plus meurtrier depuis le début de la guerre en mars 2003. Dimanche dernier, plus de quarante personnes ont été tuées dans l'ensemble du pays notamment à Baaqouba où 15 recrues de la police irakienne ont trouvé la mort. Aux Etats-Unis, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer à l'Administration Bush une nouvelle stratégie. Parmi elles quelques Républicains, membres du parti du président, mais surtout des Démocrates qui, eux, visent les élections de mi-mandat du 7 novembre. Pour le président George W. Bush, ces élections sont cruciales car il risque d'y perdre sa majorité au Congrès. La dégradation de la situation en Irak suscite un mécontentement croissant de l'opinion américaine et du fiasco américain en Irak, les démocrates font leur cheval de bataille. Une solution de facilité, mais qui pourrait fort bien marcher. En effet, ces dernières semaines, la guerre en Irak est revenu au premier plan : des rapports confidentiels publiés dans la presse, des hauts responsables dénonçant l'inefficacité de la stratégie américaine, des études accablantes pour l'Administration Bush… Récemment, le chroniqueur du "New York Times" Thomas Friedman a comparé les attaques contre les forces américaines et irakiennes à l'offensive du Têt. Une analogie que le président Bush n'a pas totalement rejetée. «Il (Thomas Friedman) pourrait avoir raison», a déclaré le président américain à la chaîne de télévision ABC. «Le niveau de violence s'est certainement élevé, et nous allons vers des élections», a-t-il ajouté. Mais il a de nouveau refusé un retrait «prématuré» des troupes américaines. Si ce retrait n'est pas à l'ordre du jour, la dégradation de la situation, elle, remet de plus en plus en cause la stratégie de l'administration Bush. Après avoir consulté ses généraux, le président américain a annoncé dans son allocution radiophonique hebdomadaire que : «l'objectif en Irak est clair et inchangé : c'est la victoire. Ce qui change, c'est la tactique que nous employons pour atteindre cet objectif». En d'autres termes, plus clairs, rien ne change! Au lendemain de cette allocution, plusieurs responsables démocrates du Sénat ont enfoncé le clou en demandant à la Maison-blanche de ne pas attendre les élections de mi-mandat pour confier davantage de pouvoir au gouvernement irakien pour sortir l'Irak de la crise. Carl Levin, chef des démocrates au sein de la commission des armées du Sénat, a déclaré qu'un plan pour l'Irak, qui serait en train d'être rédigé par l'administration Bush, devait inclure un calendrier détaillant les étapes d'un retrait américain. Alors qu'en Irak on ne compte plus le nombre de morts, aux Etats-Unis on compte bien les jours qui séparent les Américains des élections de mi-mandat. Au pays de l'oncle Sam, le malheur des Irakiens n'est rien d'autre qu'un simple enjeu électoral !