Reconnaissant l'impact de la guerre en Irak sur le résultat des élections, le président Bush s'est résolu à sacrifier son secrétaire à la Défense. Il l'a remplacé par Robert Gates, un ancien directeur de la CIA. Le président américain George W. Bush peut rester bouche bée. Au menu pour lui, un double échec électoral : son parti a perdu la majorité à la fois dans le Sénat et dans la Chambre des représentants. L'administration Bush a donc payé l'addition du fiasco militaire en Irak. La surprise du chef sera une « cohabitation » difficile ; une nouvelle sauce américaine. Et comme pour faire tomber un peu la pression, le président Bush a sacrifié son secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. L'artisan de la guerre en Irak a été remplacé par Robert Gates. Un homme du sérail qui a dirigé la CIA et a travaillé pour George Bush, père de l'actuel président, mais aussi avec Condoleezza Rice. Récemment, Gates a participé aux débats bipartisans sur l'Irak en tant que membre du Groupe d'étude sur l'Irak (Irak Study Group) présidé par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker et par Lee Hamilton. M. Gates a gravi tous les échelons de la CIA où il a passé 27 ans de carrière et servi six présidents. Il a été directeur de l'Agence centrale de renseignement de novembre 1991 à janvier 1993 sous la présidence de George Bush, le père de l'actuel président. Il y était entré en 1966 comme analyste du renseignement. Robert Gates a également servi George Bush père comme conseiller adjoint au Conseil national de sécurité (National Security Council, NSC) de 1989 à 1991 où il a travaillé avec la future secrétaire d'État, Condoleezza Rice. Il a passé neuf ans au sein du NSC sous quatre présidents des deux partis. Né au Kansas le 25 septembre 1943, marié, père de deux enfants adultes, il est un historien de formation doté d'un doctorat d'histoire de l'Union soviétique. Au sein du NSC, il présidait notamment les débats sur la Russie tandis que Condoleezza Rice dirigeait les réunions sur l'Europe de l'Est. M. Gates est l'auteur d'un livre sur la Guerre froide et l'espionnage, intitulé « From the Shadows : the Ultimate insider's story of five presidents and how they won the cold war » (De l'ombre : l'histoire secrète de cinq présidents qui ont gagné la Guerre froide). En résumé, Robert Gates est une vieille connaissance de la famille Bush tout comme l'ensemble du premier cabinet de George W. Bush. Fragilisé par l'échec de son parti lors des élections de mi-mandat, le président américain essaie donc de renforcer sa position, car désormais la guerre en Irak fera certainement l'objet d'une féroce bataille parlementaire. La chute d'un faucon Artisan de la guerre en Irak, Donald Rumsfeld est un homme de combat, toujours prêt pour la bataille. Le faucon du Pentagone qui ne quitte presque jamais les médias incarne parfaitement l'image du cow-boy prêt à en découdre avec les « méchants ». Mais contrairement aux films de western, les victoires de notre cow-boy ont toujours eu un goût d'inachevé. L'invasion de l'Afghanistan n'a pas permis la capture d'Ossama Ben Laden et le pays est toujours en proie à de violents affrontements. La guerre en Irak, elle, s'est soldée par un échec total. La situation est même désastreuse au pays de Rafidaïn où la guerre civile fait des centaines de morts en moyen ne chaque jour. Et pour couronner le tout, Donald Rumsfeld a maintes fois défendu les méthodes controversées que l'administration américaine utilise dans sa guerre « contre le terrorisme » en niant le recours à la torture et autres déplacements devenus un symbole de la dérive de l'administration américaine. Aujourd'hui, c'est par la petite porte qu'il quitte le Pentagone.