A l'occasion de la Journée nationale du disparu, célébrée le 29 octobre, le Forum Vérité et Justice et l'AMDH organiseront, dimanche devant la gare ferroviaire Rabat-ville, un sit-in pour protester contre les lenteurs de l'enquête judiciaire sur la disparition de Mehdi Ben Barka. «Les autorités marocaines font obstruction à l'enquête judiciaire menée par la justice française sur l'affaire Mehdi Ben Barka », nous a indiqué le président de l'AMDH, Abdelhamid Amine en réponse à une question sur l'objectif du sit-in prévu le 29 octobre à partir de 18 heures devant la gare ferroviaire Rabat-ville. Ce sit-in de protestation coïncide avec deux événements: la Journée nationale du disparu et le 41ème anniversaire de l'enlèvement de Mehdi Ben Barka. A cette occasion, l'AMDH et le FVJ ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils déplorent le fait que le récent rapport de l'Instance équité et réconciliation (IER) n'ait évoqué «aucun élément pour connaître la vérité sur la disparition de Mehdi Ben Barka». «L'IER n'a rien apporté concernant la vérité sur ce dossier», a affirmé l'actuel patron de l'AMDH. Mais ce n'est pas le son de cloche à ce propos. Un membre du Conseil consultatif des droits de l'Homme qui a requis l'anonymat, a fait état de «progrès notables» dans l'enquête menée par le CCDH depuis qu'il a pris la relève de l'IER. Notre source en veut pour preuve l'apparition, ces derniers jours, de nouveaux indices en rapport avec plusieurs cas de disparition. A titre d'exemple, la récente découverte, à Errachidia, dans le cimetière Lahdab, de la tombe de Mohamed Bennouna, tué lors des événements de Moulay Bouazza en 1973. «Un grand pas vers la vérité a été franchi avec cette découverte. Ce pas est d'autant plus grand qu'il s'agit d'un ancien dirigeant du mouvement révolutionnaire dit Tanzim», a-t-il précisé. «L'importance de Mohamed Bennouna était aussi patente que celle de Mehdi Ben Barka», a-t-il renchéri. C'est dans ce contexte que s'inscrit la visite effectuée le 2 octobre 2006 à Rabat de l'avocat parisien de la famille Ben Barka, Me Maurice Butin. Lors de cette visite, l'avocat français a rencontré plusieurs membres du CCDH. A l'issue de ses entrevues, il a déclaré avoir «pris acte de la volonté du CCDH de poursuivre la recherche de la vérité quant à la disparition de Mehdi Ben Barka, tâche que lui a principalement confiée SM le Roi Mohammed VI». «Cette vérité permettra seule à l'épouse de Mehdi Ben Barka et à ses enfants de faire enfin leur deuil», a-t-il ajouté. Après avoir «pris acte» des efforts déployés par le Royaume pour établir la vérité sur ce dossier, il a déclaré que «les regards devront aussi se tourner vers la France». En avril 2006, un ex-dirigeant français d'une brigade antigang, Lucien Aimé-Blanc, avait publié un livre intitulé «L'Indic et le commissaire» prouvant, sur la base de rapports d'écoutes téléphoniques, que les services de police français ne pouvaient ignorer qu'une «mauvaise action» se préparait contre Mehdi Ben Barka. Par conséquent, le cabinet du Premier ministre de l'époque, Georges-Pompidou, ne pouvait pas ne pas savoir ce qui se tramait.